Dossier d’œuvre architecture IA63002792 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
Immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 24 boulevard Fleury
  • Cadastre 2022 HT 88
  • Dénominations
    immeuble

Les immeubles n°22 (dossier IA63002791) et 24 boulevard Fleury ferment le côté le plus réduit d'un îlot qui s'il se terminait ici en pointe aurait la forme d'un triangle isocèle. Ainsi, les deux parcelles de la rive du boulevard Fleury comprise entre la rue Michalias et le boulevard Lafayette constituent un étroit front d'îlot donnant une position d'isolat aux immeubles qui le garnissent, position que reflète bien, par ailleurs, leur composition architecturale très distinct des autres édifices du boulevard Fleury. Leur principale caractéristique est de compenser l'étroitesse de leur assise parcellaire par une hauteur créant, dans le paysage urbain, une rupture d'échelle manifeste (voir la vue de l'arrière du bâtiment). L'immeuble du n°24 boulevard Fleury (J. Bertrand architecte, dépose de demande de permis en 1955) obtient la dérogation de hauteur en s'alignant sur son mitoyen, soit 30 mètres 70 au lieu des 20 mètres requis1. Il poursuit l'édification en chronologie inaugurée par la maison du n°20 en 1934 (voir plan des séquences d'édification des rives du boulevard Fleury, nous nous situons en bas à gauche du plan) tout en reprenant le gabarit de son mitoyen (phénomène de collocation). Au début des années 1960, avec cet immeuble, s'instaure, sur la rive droite de cette portion de ceinture des boulevards, les immeubles de grande hauteur des n°2 et 4 (Aimé Tixier architecte), dans une moindre mesure du n°6, du boulevard Cote-Blatin (voir gabarit du n°2-4, boulevard Cote-Blatin et son élévation en pan coupé sur le carrefour). L'appartenance au boulevard Fleury du n°24 est marquée par le respect de l'alignement régulier en retrait ménageant une bande plantée en jardinet de façade cependant que son enveloppe le rattache au début du boulevard Cote-Blatin.

Le découpage parcellaire en renfoncement formant angle droit au croisement des boulevards Fleury et Lafayette provient de l'ancien emplacement du pont de Naud sur la Tiretaine (voir figure IVR84_20246300364NUCA, le pont de Naud se situe à gauche du plan). Situé légèrement à l'ouest de l'actuel pont du chemin de fer, cet ouvrage longeait l'élévation orientale du n°61 boulevard Lafayette (sur l'image IVR84_20246300952NUCA le décroché au niveau de l'angle nord-ouest du carrefour est bien visible). Le vestige de cette configuration s'est matérialisé par un délaissé de terrain qui apparaît sur le plan cadastral (voir également l'image IVR84_20246300990NUCA). Même si la construction d'une extension au Crédit Mutuel occupant le n°61 boulevard Lafayette en a réduit l'emprise, réduction déjà effective par l'achat d'une partie du délaissé dès 1929 (voir schéma de vente), il demeure visible sur le terrain par la présence d'un maigre rectangle embroussaillé (voir image IVR84_20246300989NUCA). L'angle du n°24 boulevard Fleury se conforme à la morphologie parcellaire, ce qui a pour effet de laisser apparente son élévation latérale aveugle, de façon d'autant plus prégnante que l'immeuble est à la fois étroit et haut. Si l'immeuble mitoyen (n°22) compensait l'irrégularité parcellaire par une architecture d'angle formant une connexion entre les voies au croisement desquelles il se situe, on ne peut en dire de même de l'immeuble du n°24. Sans doute le renfoncement parcellaire était plus ardu à maquiller, cependant, il est également édifié à une époque où la voie n'est plus considérée comme guide du geste architectural. L'élévation aveugle qu'il offre au carrefour peut être comparée à celle de l'immeuble situé entre les avenues d'Italie et de Grande-Bretagne (voir image IVR84_20246300910NUCA), datant de la même période. Par un phénomène de balancier, l'attention à la rue comme ancrage du bâti reviendra en grâce par la suite (voir dossier IA63002786). Enfin, on peut noter que l'absence de connexion des voies par l'architecture se traduit par un mode d'alignement différent : l'immeuble est en retrait régulier sur le boulevard Fleury alors qu'il se place en rupture d'alignement sur le boulevard Lafayette. Le même phénomène a été relevé pour la maison du n°20 boulevard Fleury (dossier IA63002790). La connexion avec le boulevard Lafayette est, de plus, perturbée par une seconde rupture d'alignement intervenant à gauche du n°59 (Jean Guillot architecte, 1930). La rive d'îlot comprise entre le n°55 boulevard Lafayette et le 24 boulevard Fleury se caractérise par des ruptures d'alignement et d'échelle des bâtiments (voir image IVR84_20246300426NUCA) se traduisant par l'apparition de murs d'héberge (voir image IVR84_20246300904NUCA). La composition du bâti, issue de la transformation d'installations commerciales et artisanales au début des années 1930 (le n°59 était précédemment occupé par les "mauvais locaux d'un boulanger", les n°59bis et 61 par un atelier mécanique et une station-service), est hétérogène2.

1sur avis favorable du service de la voirie2Cette notion est développé dans le dossier consacré à l'avenue d'Italie (IA63002772)

L'actuelle parcelle HT 55 provient de la fragmentation par lotissement de la vaste parcelle 1257, section N (1ière feuille) du cadastre de 1831 (Chomette propriétaire). La demande de permis de construire est effectuée en décembre 1954. L'autorisation est délivrée en octobre 1955. Un retard dû à l'instruction du dossier de financement par la banque ne permet de débuter les travaux qu'en 1957. Les premiers plans datent de 1954, certains sont modifiés en 1958 et 1959. Le permis d'habiter est délivrer en novembre 1960.

Les immeubles en copropriété sont bien présents dans le paysage architectural clermontois depuis les années 1930. L'immeuble du n°24 boulevard Fleury partage avec celui qu'Ernest Pincot fit édifier en 1933 au 11 et 11bis boulevard Duclaux, le fait que l'architecte, en l'espèce Jules Bertrand, est à la fois commanditaire (propriétaire) et architecte. "Propriétaire du terrain, il proposa à des clients l'acquisition d'appartements dans ce nouvel édifice dont il dressa les plans et dirigea la construction" (Christophe Laurent, à propos de l'immeuble en copropriété d'Ernest Pincot, référence cité en bibliographie). En revanche, Jules Bertrand ne semble pas conserver un appartement ou un étage pour y installer son cabinet comme le fit Ernest Pincot.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bertrand Jules
      Bertrand Jules

      Architecte clermontois. Il est l'auteur, en 1954, des premiers plans de l'immeuble du n°24 boulevard Fleury à Clermont-Ferrand. Il est alors domicilié au 16, rue Fontgiève. Les plans modificatifs, datés de 1955, sont signés du cabinet Bertrand.

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      architecte attribution par source

Pour l'immeuble mitoyen (le n°22), datant de la fin des années 1930, l'architecte Marius Lanquette marque la verticalité par les bandeaux séparant les travées de la tourelle d'angle, malgré l'importante hauteur du bâtiment qui l'en dispenserait. Pour l'immeuble du n°24, datant de la fin des années 1950, l'architecte Jules Bertrand s'adonne, en revanche, à un marquage des horizontales. La verticalité s'impose par le nombre des étages. La composition de façade se concentre par conséquent sur les lignes horizontales figurées par la limitation des niveaux percés de baies barlongues traitées en bandeaux, les trumeaux étant réduits à de minces piédroits. Ce procédé est redoublé dans les pleins-de-travées par les balcons aux garde-corps prolongés d'un entablement soulignant les baies voisines. Les balcons sont positionnés en un jeu de quinconce atténuant la symétrie de la structure tout en introduisant une répétition rythmique lisible en verticalité (voir l'élévation dessinée en 1954, et celle de 1955, marquant plus encore le mouvement). Bien que différant du projet d'origine, l'auvent régnant au rez-de-chaussée complète ce mouvement. L'absence de l'habillage en opus incertum du rez-de-chaussée porté sur le dessin d'élévation peut se lire comme une évolution des goûts, le dessin datant de 1954, la réalisation s'effectuant à la fin des années 1950, ou bien comme une modification ultérieure.

Sur les plans de 1954, le rez-de-chaussée abrite deux appartements en symétrie, de part et d'autre du hall d'entrée, tandis que les étages logent chacun un appartement, ce qui place l'immeuble dans la catégorie des immeubles-maisons. En 1958, les plans modificatifs, mentionnant le nom des propriétaires de certains appartements, comportent une partition des 4e, 6e et 8e étages sur le modèle du rez-de-chaussée, par appartements placés en symétrie (voir plans du 4e étage gauche et du 4e étage droit). Les 1er, 2e, 3e, 5e, 6e et 9e étages respectent l'organisation d'un seul appartement par étage (voir plan du 1er étage où l'on voit l'installation du cabinet d'un chirurgien-dentiste). Ceci fait de l'immeuble un type hybride, pour partie immeuble-maison, pour autre partie immeuble distribué en appartements. Dans les deux cas de figure, les pièces d'hygiène et de service (cuisine, salle de bains et cabinets d'aisance) sont situées à l'arrière.

  • Murs
    • béton béton armé crépi
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    9 étages carrés
  • Couvrements
    • dalle de béton
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Typologies
    Edification linéaire ; alignement régulier ; Collocation ; Elévation à plan vertical avec balcon(s) en saillie ; Niveaux limités ; Traitement des angles: droits ; Baies non ornées ; Rez-de-chaussée à baies ; Animation de l'élévation par symétrie ; Distribution intérieur de l'immeuble: immeuble-maison ; Distribution de l'immeuble en appartements ; Distribution intérieure double avec couloir ; Distribution intérieure double en profondeur
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand, O216 219 16A, demande d'installation pompe à essence, 59 bis boulevard Lafayette, 1923

    AC Clermont-Ferrand : O216 219 16A
  • AC Clermont-Ferrand, O216 2551 19A, demande d'alignement immeuble 59 boulevard Lafayette, 1930

    AC Clermont-Ferrand : O216 2551 19A
  • AC Clermont-Ferrand, O216 1338 20A, demande d'alignement immeuble 59bis boulevard Lafayette, 1931

    AC Clermont-Ferrand : O216 1338 20A
  • AC Clermont-Ferrand, O216 1016 24A, demande d'alignement immeuble 22 bd Fleury, 1937

    AC Clermont-Ferrand : O216 1016 24A
  • AC Clermont-Ferrand, PC 1585, Permis de construire immeuble, 24 boulevard Fleury, 1955

    AC Clermont-Ferrand : PC 1585
  • AC Clermont-Ferrand, PC 4310, Permis de construire immeuble 52 boulevard Lafayette, 2-4 boulevard Cote-Blatin, 1960

    AC Clermont-Ferrand : PC 4310

Bibliographie

  • LAURENT C., Quant les copropriétés prirent de la hauteur, revue du Conseil régional de l'Ordre des Architectes d'Auvergne, n°52, juillet 2010, pp18-19

Documents figurés

  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 85, Alignements : 1927-1942 ; chemise n°183, rue Michalias, plan d'alignement 1932, tirage sur papier, échelle 0,002 mm par mètre.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 85
  • AC Clermont-Ferrand,1 O 65, Alignements : quartiers de la gare et de Godefroy de Bouillon, 1893-1937, Esplanade de la gare : modification de l’alignement. Plan sur papier, non daté, non signé sans échelle.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 65
  • AC Clermont-Ferrand, 1 O 664, boîte 1 O 648 à 1 O 688, acquisitions, expropriations, dossiers individuels, 1851-1937, plans annexés à l'achat d'un pan d'un délaissé entre les boulevard Lafayette et Fleury, 1929

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 664
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Articulation des dossiers
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