Le boulevard empiète sur la majeure partie de l'ancienne parcelle 283, section L, 1ière feuille du cadastre de 1831. Il n'en reste que l'extrémité nord-est coupée de biais par le tracé de la voirie. L'actuelle parcelle HO 0201 forme par conséquent un triangle occupé par un bâtiment à sa base et une cour dans sa pointe. La parcelle mitoyenne (HO 200) offre un devant en biais sur le carrefour avec l'avenue de la Libération et elle traverse en diagonale le petit ilot compris entre les boulevards Jean-Jaurès et Joseph-Girod, la rue du Tonnet et l'avenue de la Libération. L'ouverture du boulevard a donc perturbé l'orientation des ces parcelles sans entraver leur édification puisque les premiers permis date de la seconde moitié des années 1920, époque à laquelle le boulevard n'était encore qu'inachevé1.
Le carrefour avec l'avenue de la Libération (anciennement avenue de Beaumont) accueille à l'origine des commerçants et artisans. En 1923, Madame veuve Duperrier demande l'alignement de l'actuel n°43 avenue de la Libération2 afin de faire construire un commerce à l'arrière duquel seraient deux chambres et un cabinet d'aisance dans le jardin. Cette configuration est celle des maisons-mixte de commerçant. Puis, en 1927, l'architecte Georges Laboise demande l'autorisation de construire un garage automobile à l'angle de l'avenue de la Libération et du boulevard Jean-Jaurès (voir dossier IA63002865). L'étage comprenait un logement. Cette configuration est celle d'une maison-mixte d'artisan. Enfin, en 1929, un courtier en assurances sollicite un permis d'édifier une maison au n°25 du boulevard Jean-Jaurès. Le rez-de-chaussée comprend un bureau permettant d'exercer l'activité professionnelle. C'est alors une sorte de maison-mixte de profession libéral même si l'activité professionnelle ne concerne qu'une seule pièce du logement.
L'atelier mécanique voisin est remanié dans les années 1940 puis 1950 et prend son visage actuel à la toute fin du XXe siècle. L'immeuble qui se dresse à présent au n°43 de l'avenue de la Libération efface, dans la second moitié des années 1950, l'ancien commerce. Les façades de ces deux édifices épouse la limite de devant de parcelle. Ainsi, le dernier vestige d'un rapport d'alignement au boulevard perturbé par la morphologie parcellaire d'origine est le n°25 du boulevard Jean-Jaurès. De plus, malgré le défaut de correspondance entre les plans de 1929 et le bâtiment actuel, il semblerait qu'il n'ai pas subi de modification structurelle3. L'orientation de sa façade en perpendiculaire et non pas vers le boulevard ainsi que la cour triangulaire qui la précède attire l'œil par l'irrégularité que ces facteurs constituent.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.