Le tracé du boulevard coupe en biais l'extrémité orientale de l'ancienne parcelle n°278, 1ière feuille de la section L. Elle est visible sur le plan parcellaire orienté vers le sud, la parcelle se trouvant par conséquent en dessous du tracé du boulevard, la pointe du triangle donnant sur la route n°89 de Bordeaux à Lyon, avenue de Beaumont, actuelle avenue de la Libération. Le phénomène est similaire à celui qui affecte le n°25 boulevard Jean-Jaurès (voir dossier IA63002864), les conséquences en sont comparables : construction contrainte par la morphologie parcellaire, entrée implantée dans le mur pignon en position perpendiculaire au boulevard, création d'une courette en pointe de parcelle. Ceci à la nuance près que l'édifice occupe la presque totalité du terrain par ailleurs plus étroit. Epousant la morphologie parcellaire, il est affecté d'une forme en fer à repasser et pourrait presque être qualifié d'immeuble-placard. Sa forme est renforcée par le mur aveugle1 de l'immeuble voisin, au n°20 avenue de la Libération. Ce mur aveugle, fortement inscrit au carrefour du boulevard et de l'avenue, donne l'impression que l'immeuble du n°28 aurait été glissé dans un maigre espace interstitiel. En réalité, la construction du n°28 intervient en premier lieu, en 1926, à l'époque de l'ouverture du boulevard2. La parcelle voisine orientée vers l'avenue de la Libération, longtemps laissée en jardin (voir photographie aérienne de 1956, en haut à gauche), n'est lotie et construite qu'en 1966 - 1967. Il est alors question d'annexer la courette triangulaire à la construction, cependant la cession de terrain ne se fit pas (le plan du lotissement montre bien le caractère de délaissé de l'espace triangulaire flanquant l'immeuble projeté). L'angle du carrefour reste donc marqué par le pan coupé du bout de courette (prévu sur le plan d'aménagement des carrefours de 1932) et par l'arête vive de l'angle du bâtiment du n°20 avenue de la Libération.
Une plus grande coordination prévaut pour le mitoyen occidental3. Ce dernier comble, en 1961, une dent creuse entre le n°344 à l'ouest et le n°28 à l'est. Son mitoyen occidental est plus haut d'un niveau équivalent à près de deux étages. Pour autant, la préconisation des services d'urbanisme s'établit en ces termes: "la corniche de la construction projetée devra régner avec celle du bâtiment de deux étages sur rez-de-chaussée existant à l'aspect est". Le n°30 s'aligne donc sur son voisin le plus bas et son toit terrasse renforce la visibilité du mur d'héberge de son mitoyen le plus haut. Ceci a pour avantage d'éloigner cette seconde rupture d'échelle du n°28 qui, sans cela, aurait semblé littéralement écrasé par ses voisins.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.