HISTORIQUE
Le 4 février 1326, le chapitre décide de délimiter le cimetière. Des boutiques sont mentionnées le long de son enclos au 14e siècle (AD Rhône : 15 G 1, f. 165-169, 544-545). Il existe à l´intérieur une chapelle Notre-Dame, affectée à la confrérie de la Trinité, qui, en 1486 lorsque la confrérie s´installe dans une nouvelle chapelle de l´église, est attribuée aux vignerons (GRAND, p. 462). Le 14 juin 1523, le chapitre établit un règlement pour le cimetière et les boutiques qui le joignent (AD Rhône : 15 G 1, f. 169-175).
En 1562, le consulat protestant détruit les murailles du cimetière et la chapelle Notre-Dame afin d´établir une place publique (AD Rhône : 15 G 163. Déclaration du roy du 31 octobre 1664 ; GRAND, p. 461). Le cimetière est ensuite réinstallé et le 28 mars 1564, les chanoines demandent au chapitre l´autorisation de louer les 29 échoppes que celui-ci a fait bâtir « contre la nouvelle muraille dudit cimetière ». Le 11 juin suivant, le chapitre examine les dépenses faites pour le rétablissement du cimetière (AD Rhône : 15 G 163). Les chanoines auraient souhaité reconstruire les murailles sur l´ancien tracé, mais « ils en auroient été empêchés par le consulat qui leur avoit donné des allignements nouveaux au grand préjudice dudit chapitre leur ayant été retranché plus de vingt pas de largeur dudit cymetière sur cinquante ou soixante de long du côté de bize et du côté de matin » (AD Rhône : 15 G 141). Le consulat a donc profité de l´occasion pour agrandir la place de la Fromagerie au nord et la rue des Forces à l´est. Trop petit pour les besoins de la paroisse, le cimetière est étendu vers le sud en 1566 grâce au don de Jean Laurencin, sacristain (chanoine assurant les fonctions de curé) : « le sieur Laurencin sacristain (...) séduisa de donner en premier lieu tout au traver de la maison un passage ou rüe de dix pieds de large pour aller a l´église (...) et ensuite son jardin et la place du corps de logis a luy appartenans qui avoit étés démolis avec les murailles dudit cymetière et ce pour agrandir ledit cymetière, se réservans la faculté de faire baptir des boutiques contre la muraille dudit cymetiere dans l´étendüe de son fonds. » (AD Rhône : 15 G 163. Déclaration du roy du 31 octobre 1664). Un prix-fait pour rebâtir les murs sur la nouvelle limite est passé le 30 octobre 1566 (AD Rhône : 15 G 163). Une délibération capitulaire du 11 septembre 1571 confirme au sacristain le droit demandé de faire construire à ses frais une ou deux boutiques contre les murs (AD Rhône : 15 G 167 et 15 G 168). Le 18 octobre suivant, le chapitre note « plusieurs grandes dépenses tant pour les clôtures [du cimetière] que pour la construction des boutiques qui sont autour »: il s´agit probablement des travaux de cet agrandissement (AD Rhône : 15 G 163).
Le 7 août 1637, le vicaire demande la permission au chapitre de faire construire une maison dans le cimetière et d´y creuser dessous une cave voûtée de seize pieds de haut, dix-huit de long et onze de large (AD Rhône : 15 G 168). Le 2 mars 1673, le notaire Papillon obtient de la Ville une autorisation pour édifier son étude sur l´angle nord-est du cimetière (Dépouillement et localisation). Un acte capitulaire du 26 octobre 1690 mentionne que le chanoine sacristain Jean Margat a fait reconstruire à ses frais « les deux premières boutiques adossées au mur du cymetière sur la rüe des Forces, après avoir requis lui seul de la ville l´allignement [3 octobre 1690] pour la construction de ces deux boutiques qui n´en forment qu´une aujourd´hui » (AD Rhône : 15 G 167 ; Dépouillement et localisation).
Bien que les fabriciens notent le 2 mars 1691 la dépense de mille quatre cents livres de réparations au cimetière entre autres (AD Rhône : 15 G 167), la sénéchaussée écrit cinq ans plus tard que celui-ci est trop petit pour la paroisse, et ordonne de s´en pourvoir d´un plus grand : les sépultures s´accumulent et les murs risquent de s´effondrer sous le poids de la terre entassée (AD Rhône : 15 G 100. Procès-verbal du 8 novembre 1695). Le 9 août 1710 et le 8 juin 1713 le chapitre acquiert deux maisons pour l´agrandissement du cimetière (AD Rhône : 15 G 167). En 1776, la sénéchaussée constate que le cimetière, autrefois au niveau des rues, se trouve désormais élevé à plus de sept ou huit pieds au-dessus de la rue, en raison des inhumations trop nombreuses (GARDES, t. 1, p. 59-60). En 1777-1778, elle fait relever les lieux et les décrit avec précision dans le rapport de visite des cimetières de la ville (cf. ill. et annexe). Le cimetière est supprimé sous la Révolution.
CONCLUSIONS
Le plan scénographique donne une image du cimetière avant sa destruction en 1562 : l´entrée principale s´ouvre sur la place de la Fromagerie ; une croix monumentale est érigée en son centre et la chapelle Notre-Dame occupe l´angle nord-est ; un appentis, protégeant les échoppes, ne s´étend que le long du mur nord, sur la place de la Fromagerie. Deux plans du 17e siècle (et surtout celui de 1661 qui donne l´élévation des échoppes) et un autre de 1777-1778 livrent une image précise du cimetière rétabli après les guerres de Religion (cf. ill.). Ils prouvent que les achats de maisons réalisés en 1710 et 1713 pour son agrandissement sont restés sans suite.
Chercheur au service régional de l'Inventaire Rhône-Alpes jusqu'en 2006.