[Dimensions de la place de Louis le Grand], ns, nd [1820]. AC Lyon. 323 WP 19.

La longueur de la place de Louis le Grand d'une façade à l'autre est de .... 300 mètres

La largeur depuis les arbres de la plantation jusqu'aux maisons limitant la place du côté du nord est de ... 138 mètres

Les édifices nommés façades sont en regard l'un à l'orient et l'autre à l'occident.

Du pavé à la tablette de la balustrade qui couronne l'entablement, la hauteur est de ... 24 mètres

Du pavé jusqu'au sommet de l'attique central ... 27 mètres

Les maisons limitant la place du côté du nord ont des hauteurs différentes

La hauteur moyenne est de ... 18 mètres

Les arbres de la plantation ont environ d'élévation ... 17 mètres

État estimatif des travaux à faire pour paver la plateforme qui occupe le centre de la place des Célestins, L. Flachéron, architecte en chef de la mairie, Lyon le 20 mars 1826. AC Lyon. 323 WP 19.

Extraits :

Par ordonnance de Monsieur le Maire, en date du 20 mars 1826, le marché aux fleurs est transféré de la place des Célestins dans le promenoir de la place de Louis le Grand [actuelle place Bellecour].

Cette disposition fait sentir l'inutilité de replanter les arbres morts du centre de place des Célestins et la nécessité de paver la plateforme en arrachant les bornes qui lui servaient d'enceinte. Suppression qui donnera plus d'espace aux avenues du Théâtre des Variétés. (...)

DRAC Rhône-Alpes, CRMH. Immeubles bordant la place Bellecour et la place Le Viste avec leurs retours sur les rues Bellecour, Paul-Lintier, de la Barre et sur la place Antonin-Poncet : façades et toitures (7 mars 1941), 1 I 22 MHAA/99 0565

Département : Rhône

Commune : Lyon

Monument : Place Bellecour

(Document tapé à la machine, non daté et non signé)

HISTORIQUE

Un peu avant l'entrée de la ville de Lyon dans le domaine capétien, on parle du pré de Bellecour. La première gravure que l'on connaît est celle d'Androuet du Cerceau, en 1548, présentant une grande place nue bordée d'arbres du côté du Rhône. Ce tènement de Bellecour appartenait alors aux héritiers de Jean Leviste qui l'avait acquis en 1436 de la famille de Varey.

La place est achetée au début du XVIIe siècle par Henri IV qui y fait planter des arbres (cf plans de Simon Maupin en 1625, d'Abraham Bosse en 1630, estampe d'Israël Sylvestre en 1649).

Le 28 décembre 1658, Louis XIV lui donne le titre de place royale. La ville décide en 1686 d'édifier une statue équestre en l'honneur du roi régnant. Le sculpteur Martin Desjardins est chargé de l'exécution.

Au XVIIIe siècle, on orne la place de beaux édifices sur ses faces orientale et occidentale. L'architecte Robert de Cotte, beau-frère de Jules Hardouin-Mansart, donne les plans. Les travaux sont à peu près achevés en 1725. Les immeubles du milieu du XVIIe siècle au nord et au sud restent intacts. Les statues du Rhône et de la Saône, par Guillaume et Nicolas Coustou, sont placées sur les faces latérales du socle de Louis XIV. Les motifs de bronze ciselés sont de Marc Chabry. En 1729 sont construites deux fontaines à jets d'eau par Simon Petitot (ou par le Lyonnais Jean Lhabitant, selon d'autres).

Avec la Révolution, la statue de Louis XIV est détruite. Les maisons de la place sont démolies par ordre de la Convention, dans le but de punir la révolte des Lyonnais.

C'est en 1800 que le général Bonaparte pose la première pierre des nouveaux édifices qui devaient remplacer ceux de R. de Cotte. Le projet des façades, par Gabriel Thibière, en 1801, nous est connu par une gravure d'Etienne Comberousse. Les modifications de 1806 sont dues à Pascal Gay. Les deux principaux édifices sont élevés par Tony Desjardins ; pour la décoration des attiques, on dut renoncer au projet de Lemot, donnant en 1820 : le passage du Rhin par Louis XIV, et Colbert favorisant le commerce lyonnais. La nouvelle statue de Louis XIV, inaugurée en 1826, est due à François Lemot.

De 1935 à 1938, l'architecte Michel Roux-Spitz édifie l'hôtel des Postes de Lyon sur l'emplacement de l'hôpital de la Charité dont les bâtiments dataient du XVIIe siècle. Le nouvel édifice, trait d'union entre la place Bellecour et le quai Gailleton, s'intègre parfaitement dans le cadre lyonnais.

C'est en 1957 qu'on transporte à nouveau aux pieds de la statue de Louis XIV le "Rhône" et la "Saône" des frères Coustou, déposés dans le vestibule de l'Hôtel de Ville depuis la Révolution.

DESCRIPTION

La place, telle que nous la voyons aujourd'hui, mesure en moyenne 300 m sur 200 m, a été considérée comme une des plus belles places de l'Europe. Elle est encadrée à l'Est et à l'Ouest par deux belles façades construites en 1800 pour remplacer celles de Robert de Cotte détruites à la Révolution. Ces façades sont caractérisées par un avant-corps central surmonté d'un attique et partagé en travées par de grands pilastres encore en usage à cette époque.

On remarque, entre autres, à l'angle de la rue Saint-Joseph, le bel hôtel de l'intendant général de police, construit pour les de Varey en 1758 ; à l'angle de la rue Boissac, l'hôtel de Ponsaimpierre.

Au centre de la place est une statue équestre de Louis XIV en empereur romain.

L'hôtel de Parcieu, au n° 27 de la place, est noté par Le Nail dans son ouvrage sur l'architecture et la décoration aux XVIIe et XVIIIe siècles à Lyon.

DRAC Rhône-Alpes, CRMH. Place Bellecour, 1 I 22 MHAAA 99 0565

Ministère de l'Education nationale, Beaux-Arts, Monuments historiques

Département : Rhône

Commune : Lyon

Edifice : Place Bellecour, façades est et ouest

Rapport de classement, architecte en chef Gélis, 11 avril 1944

La place Louis le Grand a été créée au cours des dernières années du XVIIe siècle. Robert de Cotte fut envoyé par le Roi à Lyon pour faire édifier le piédestal de la statue royale, mais il établit également différentes esquisses pour l'aménagement de la nouvelle place.

Sa première idée de créer des jardins à chaque extrémité de la place sur les rives du Rhône et de la Saône ne fut pas suivie et des immeubles furent construits sur les côtés est et ouest.

Malheureusement tout l'ensemble de la place fut détruit pendant la Révolution, mais les deux façades principales à l'ouest et à l'est furent reconstruites en 1800 d'après le projet présenté par Maurice Thibière, architecte, et approuvé le 3 pluviôse an IX par le gouvernement.

Chacune de ces façades se compose d'un avant-corps et de deux ailes, s'élevant à trois étages sur un rez-de-chaussée et un entresol.

-L'avant-corps est constitué par sept travées séparées par des pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens s'élevant sur toute la hauteur des trois étages ; le soubassement formé par le rez -de-chaussée et l'entresol est décoré de boisages, percé dans son milieu par une grande porte cochère.

-Chacune des ailes comprend quatorze travées sans pilastre avec un soubassement traité comme celui de l'avant-corps, mais avec deux portes cochères surmontées d'un balcon.

Cet ensemble est divisé en cinq immeubles, chacun desservi par une des portes cochères.

Les toitures très plates établies pour être couvertes en tuiles creuses, sont dissimulées par la balustrade en pierre qui couronne l'entablement.

Actuellement, ces façades sont dans leur ensemble en bon état, toutefois elles sont dénaturées par des badigeons exécutés par les propriétaires de chaque immeuble et de tons différents.

Au cours de ces ravalements, les pierres de taille détériorées ont été réparées au moyen de raccords en ciment et notamment pour les balustrades.

Il y a lieu de faire remarquer que, dans leur ensemble, ces façades n'ont pas été dénaturées par de fâcheuses modifications, et que seuls les piédroits du rez-de-chaussée des trois dernières travées au sud de la façade est ont été modifiés légèrement par la devanture de la librairie Flammarion, qui se retrouve également sur la façade latérale donnant sur la place Antonin-Poncet. De même sur la face latérale côté place Le Viste, plusieurs travées ont été dénaturées par des devantures, mais le mal n'est pas important car on peut le limiter, et cette façade est bien moins exposée à la vue.

La façade du côté ouest est intacte, avec seulement quelques enseignes.

L'étude qui vient d'être faite pour le ravalement de la façade de l'immeuble 16 place Bellecour permet de montrer que les frais à envisager pour l'entretien de ces façades seraient relativement peu élevés, à moins que l'on ne veuille remplacer complètement les parties raccordées en ciment mais ce travail n'est pas indispensable et pourrait être effectué petit à petit au cours des ravalements qui devront être exécutés.

Le devis en question prévoit une dépense de 88 464 francs pour le ravalement de la façade du 16 non compris le remplacement des parties en ciment.

La participation des propriétaires étant de 21 800 frs, la dépense à la charge de l'Etat ne serait que de 66 664 frs.

Comme chaque côté de la place est constitué par cinq immeubles d'importance à peu près semblable, il y aurait donc lieu d'envisager une participation pour l'Etat de 333 320 frs environ pour la restauration de la face est, et autant pour la face ouest.

Il est bien certain que l'on ne peut imposer aux propriétaires une participation plus élevée que celle qui correspond aux travaux qui leur sont imposés par le ravalement obligatoire. Une restauration sérieuse de leurs immeubles ne les intéresse pas et toute dépense supplémentaire grèverait fortement le rapport de ces immeubles qui est déjà illusoire.

Si aucune protection n'est assurée dans un délai très rapproché, ces façades seront envahies par la publicité, dénaturées par les devantures et l'on verra encore l'arc-en-ciel des badigeons différents les ridiculiser.

L'inscription sur l'inventaire supplémentaire est absolument insuffisante et nulle, le classement est et ouest de la place Bellecour nous permettrait de protéger cet ensemble, connu universellement.

Si cette protection n'était pas assurée et que des mutilations prochaines toujours possibles venaient à dénaturer ce site urbain, des reproches malheureusement très justifiés ne manqueraient pas d'être adressés au service des Monuments historiques.

En conséquence, il semble utile de proposer au classement :

- la façade est de la place Bellecour, avec ses retours sur les places Le Viste et Antonin-Poncet

- la façade ouest de la place Bellecour avec ses retours sur les rues de Bellecour et Paul-Lintier.

BARD, Joseph. "Bulletin monumental et liturgique de la ville de Lyon", Revue du Lyonnais, 1846, t. 23, p. 352

Extraits :

Nous désirerions que la ville songeât à embellir sa place Louis-le-Grand, à la rendre plus monumentale encore, à lui donner tout l'éclat qu'elle est susceptible d'offrir, en l'ornant d'arbres et de fontaines. Nous voudrions aussi que, à l'imitation de ce qui s'est fait naguère à Paris, on complantât d'arbres nos magnifiques quais de la Saône. Alors ces quais présenteraient une beauté unique : ils auraient un aspect mille fois plus ravissant, plus mêlé de pompe, de variété et de grandeur, que celui des boulevards de la capitale ; car ils auraient, comme ceux-ci, toute l'activité, le mouvement, le bruit, la vie d'une immense cité, et de plus un ciel splendide, une insolite majesté de lignes ,d'horizons, d'entourage : une rivière qui dort à leurs pieds, un panorama largement développé de monuments de divers âges, une couleur ferme et chaude, et ce coteau de Fourvières [sic], qui ressemble à un vaste pot de fleur épanoui sur la ville.

BARD, Joseph. "Bulletin monumental de la ville de Lyon", Revue du Lyonnais, 1852, t. 4, p. 167

Statue de Louis-le-Grand

L'outrage sanglant fait, en 1848, par les barbares à l'ombre d'un grand roi, civilisateur de la France, qui a reculé si loin ses frontières et sa gloire, à l’œuvre immortelle du Phidias lyonnais, cet affront a été lavé. On a rétabli en février 1852, sur la base de la statue équestre, orgueil de la cité, les inscriptions si nobles, si simples, si vraies, si antiques de style et de forme, qui y avaient été gravées à l'époque de l'érection du monument. - Grâces soient rendues à qui de droit.

"La place Bellecour". Lyon-Pittoresque. Livret-guide illustré publié par le syndicat d'initiative de Lyon. Lyon : 1913, p. 41-42.

La place Bellecour (G5) est limitée, à l'est et à l'ouest, par deux immenses façades qui ont été reconstruites, en 1800, sur l'ordre de Napoléon, pour remplacer celles que la Révolution avait détruites. Elle ne mesure pas moins de 310 mètres sur 200 et a la réputation d'être l'une des plus belles places de l'Europe. Elle est plantée de marronniers, ornée de jardins et de fontaines, agrémentée d'un marché aux fleurs : tout cela en fait un lieu charmant de repos et de promenade. C'est le rendez-vous des bébés, aux heures de concerts publics qui y sont donnés chaque jour, et le spectacle offert par cette petite foule multicolore est ravissant. La statue équestre de Louis XIV (chef-d’œuvre du Lyonnais Frédéric Lemot), occupe le centre de la place.

CHAMPDOR, Albert. Vieilles chroniques de Lyon, Lyon, Albert Guillot, septième série, [milieu XXe siècle], p. 146.

Si le malchanceux est rétif à la chansonnette ... il faut l´emmener boire dans l´échoppe d´en face, aussi nommée « banc de tisane » parce que son tenancier y vendait l´hiver une « bavaroise » brûlante et sucrée, sorte de tisane qui n´avait d´appréciation que sa chaleur par les grandes froidures, et, l´été, du coco aux vagues relents de réglisse, le tout à un sou le verre. Vers 1840 ces « bancs de tisane », spécifiquement lyonnais, se trouvaient surtout place des Jacobins. Mais le plus célèbre, en lequel on s´entassait chaque soir pour déguster des breuvages insipides, et plutôt purgatifs, qu´un ressortissant du Beaujolais eût aussitôt régurgité à moins qu´il n´eût déguerpi de cet endroit jusqu´aux Galapagos, était celui qui se trouvait place Bellecour, avec, pour enseigne, une Renommée trompettant sans doute les vertus des décoctions que son propriétaire administrait à ses clients. On s´y retrouvait entre vrais Lyonnais, « deux toupets de cheveux gris sur les tempes, les jambes maigriotes dans un vieux pantalon venant à la cheville, le petit camail râpé autour du col, le chapeau qui montrait son carton, en mal de dents en cassant la noisette », ainsi que le portraiture un familier de ce Banc de tisanes, M. de Grabousky, qui s´y était loué en qualité de garçon de salle pour poursuivre ses études sur les moeurs lyonnaises, car il préparait une thèse sur ce sujet. Il devait venir de Cracovie, ce gentilhomme original. C´est ce qu´en bon Lyonnais on disait d´un menteur ...