Dossier d’œuvre architecture IA63002795 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
Maison, actuellement immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 12 boulevard Cote-Blatin
  • Cadastre 2022 HT 108
  • Dénominations
    maison
  • Destinations
    immeuble

Le carrefour de l'avenue Léon-Blum et du boulevard Cote-Blatin constitue le terme de l'aménagement du boulevard jusqu'à la fin des années 1920. Ce carrefour ouvrait alors sur l'ancienne rue d'Aubière (actuelle rue de Romagnat) qui, après un coude vers l'ouest, offrait de gagner le nord par un virage à angle droit dans l'étroite rue d'Issoire. Autant dire que l'effet d'entonnoir devait être à son comble. La maison du n°12 boulevard Cote-Blatin, édifiée avant les premiers aménagements de ce carrefour, fait son apparition sur le plan parcellaire de 1923. Un plan similaire par le degré de détail apporté à la figuration des constructions, daté de 1922, ne la représente pas (plan de 1922). Cela nous donne, d'une part, une indication précise de son édification (par ailleurs confirmée par la date de dépose du permis en juin 1922) et d'autre part, une explication quant à son étrange positionnement, semblant en avancée de la rencontre de l'avenue Léon-Blum et de la rue de Romagnat, ces deux voies étant d'abord parallèles puis se rejoignant à la faveur de la courbe qu'opère la rue de Romagnat, au point que la maison du n°12 paraît construite à la jonction des deux branches d'un Y dont la jambe est constituée par la poursuite vers l'est de l'avenue Léon-Blum. Là où l'on attendrait une place, effectivement ébauchée par l'élargissement de la rue de Romagnat qui mord la partie droite de la parcelle, la transformant en un triangle contraignant l'édifice à ne disposer que d'un jardinet placé en biais et provoquant l'aménagement d'une importante entre-coupe1 à l'angle du bâtiment, au lieu donc d'une place ne se trouve qu'une ébauche de placette et, plus visiblement, cette maison. Le pan de mur aveugle donnant sur l'avenue Léon-Blum peut être lu comme un autre effet d'une sorte de percussion entre l'aménagement urbain et l'édification du bâtiment, d'autant que les plans d'origine ne prévoient strictement aucune ouverture de ce côté, comme si l'incertitude quant à la morphologie effective qu'aurait la voie, prévue mais non encore ouverte, ne le permettait pas.

La fiabilité des plans dressés par l'architecte Valéry Bernard peut bien sûr être interrogée puisqu'ils nous présentent une maison d'un seul étage et dont l'élévation septentrionale est pourvue d'un retour de pignon logeant l'escalier en demi-hors-œuvre, ce qui ne correspond pas à l'édifice que l'on peut en effet observer. Cependant, le bandeau de brique filant au haut du premier étage en façade et sur l'élévation méridionale marque de façon assez fiable une surélévation postérieure, tandis que son interruption sur l'élévation nord indique une reprise d'œuvre. C'est sans doute alors, l'aménagement du carrefour étant à ce moment achevé, qu'intervient le rognage du jardin et l'apparition de l'entre-coupe, ceci dans l'objectif d'élargir le débouché de la rue de Romagnat sur le boulevard (malheureusement, les archives ne nous ont pas livré de dossier concernant ce remaniement). Il est également probable que la surélévation de cette maison ait permis sa transformation en immeuble-maison (immeuble ne comportant qu'un seul appartement par étage). Ainsi, l'édifice conserve-t-il la morphologie d'une villa des années 1920, alors qu'en réalité il s'agit d'un immeuble. Ici, le changement d'affection sans modification formelle essentielle peut s'expliquer par une transformation du bâti, cependant cette porosité morphologique des deux types d'habitat urbain, immeuble et villa, se rencontre parfois dès l'origine en cette première moitié du XXe siècle (voir dossier IA63002796).

1"L'entre-coupe est un pan coupé de quelques décimètres de large terminé vers le haut par une trompe, au seul rez-de-chaussée" Gauthiez, p. 419

L'actuelle parcelle HT 108 se trouvait sur l'emprise de la parcelle n°1337, section N (2ième feuille) du cadastre de 1831. Le boulevard Cote-Blatin passe au large, à l'est. Son emprise est, en revanche, modifiée par l'ouverture de l'actuelle avenue Léon Blum, rognant son bord méridional. La réponse à la demande d'alignement, en 1922, précise qu'il n'est possible que de donner une réponse officieuse, la largeur de l'avenue Léon Blum, dont le premier plan d'alignement date de 1922, étant porté de 12 à 14m. On visualise, en effet, à gauche du plan d'alignement de 1923, la maison de M. Bonnet et le tracé de la nouvelle avenue se tenant plus éloigné du parement qu'il ne l'est en réalité. On perçoit également sur ce plan le triangle orangé, figurant un terrain aliéné, du débouché conjoint de la rue d'Aubière (actuelle rue de Romagnat) et de l'avenue Léon Blum sur le boulevard Cote-Blatin. Ce triangle se trouve en façade de la maison. L'aménagement du débouché de l'actuelle rue de Romagnat sera en définitive étendu sur le flan nord de la maison, obligeant sans doute à aménager son angle en entre-coupe. Il n'a pas été possible de dater la surélévation de l'édifice qui, à l'origine ne comportait qu'un seul étage.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1922, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bernard Valéry
      Bernard Valéry

      Architecte, domicilié 9, rue de Ceyrat (maison qu'il édifie). Le n°24 avenue d'Italie, daté de 1913, participe du même esprit (parement en pierre de Volvic, encadrement et bandeau en brique) que le n°12 boulevard Cote-Blatin (plans datés de 1922), bien que ce dernier soit de facture plus modeste. La villa abritant deux logements pour le compte de la société l'union approvisionnement, édifié au 63 boulevard Cote-Blatin en 1923, participe du même esprit. En 1929, les villas jumelées des 23 et 23 bis boulevard Cote-Blatin reflète un style pittoresque empruntant au vocabulaire néo-régionaliste dans lequel des accents modernes peuvent être relevés (ouvertures à pans coupés et décor de tores du n°23). La même année, il s'associe à Henri Pouzadoux et inaugure un type d'immeuble à fronton, au n°25, rue Raynaud, modèle que l'on retrouve, en 1933, par les mêmes auteurs au n°13 boulevard Jean-Jaurès (au n°11, édifié en 1931, l'entrepreneur Lucien Mège s'en était inspiré). En 1936, poursuivant cette collaboration pour l'immeuble du n°4 avenue d'Italie, les architectes s'inscrivent alors pleinement dans le vocabulaire moderne. il produit encore en 1955 les plans d'une modeste maison sise au n°11 boulevard Cote-Blatin (surélevée à la fin du XXe siècle).

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      architecte attribution par source

Cette villa surprend par son emplacement dont il a déjà été fait mention ci-dessus mais également parce qu'elle semble inachevée. L'arc en brique de la baie de rez-de-chaussée, ouvrant à l'origine sur la salle à manger, ainsi que le bandeau de briques à talon, dispositifs soignés à défaut d'être remarquable, contrastent avec les piédroits aux harpes à peine ébauchées des baies couvertes d'un linteau brut. Le traitement du sous-bassement en moellons à têtes dressées semble plus travaillé que le reste du parement, constitué de moellons montés en appareil irrégulier interrompu par le contour en entonnoir des conduits de cheminée en brique. La construction semble laissée à nue. On éprouve l'impression que l'architecte a suspendu son geste puisque nous retrouvons dans cette ébauche la même façon que dans les réalisations dues à Valéry Bernard durant la même période. L'immeuble du n°24 avenue d'Italie (dossier IA63002783) ou bien la villa patronale du n°63 boulevard Cote-Blatin (dossier IA63002813) jouent ainsi de la brique encadrant les baies, formant décor d'allèges, ponctuant les chaînes d'angles, et de la couleur sombre de la pierre de Volvic soit par son rappel au moyen d'un crépi, soit par son insertion en tympan alvéolé, soit enfin par sa présence en niveau de sous-bassement. Sans doute, ces deux édifices reflètent-t-ils une ambition supérieure. A l'origine, la maison du n°12, double en profondeur et desservie par un escalier en travée latérale, abrite seulement les pièces nécessaires à une modeste famille, un cabinet de toilette faisant office de salle de bain (cette dernière pièce n'est à cette époque pas encore généralisée, on note son absence dans les appartements de l'immeuble du n°24 avenue d'Italie alors qu'elle est présente dans la villa patronale du n°63 boulevard Cote-Blatin). Pour autant, cela ne suffit pas à expliquer l'aspect inabouti de cette maison, d'autant que son agrandissement, à une date qui nous est inconnue, aurait pu constituer l'occasion d'achever l'habillage des élévations. Pour une raison que nous ignorons, il semble qu'il manque ici l'ensemble des finitions et, par un effet ambigu, cette carence recèle le caractère singulier de la maison.

  • Murs
    • trachy-andésite moellon
  • Toits
    tuile
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans demi-croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour suspendu
  • Typologies
    Edification autonome ; rupture d'alignement ; Composition indépendante ; Elévation à avant-corps ; Frise, bandeau ou registre indépendant ; Traitement des angles: présence de courbes ; Baies non ornées ; Rez-de-chaussée à baies ; Animation de l'élévation par jeu de volume ; Animation de l'élévation par matériau ; Distribution intérieur de l'immeuble: immeuble-maison ; Distribution intérieure double en profondeur
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Immeuble inscrit sur la liste des éléments identifiés au titre de patrimoine du PLUI Clermont-Auvergne-Métropole, juin 2024

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°513 14A, demande d'alignement immeuble 24 avenue d'Italie, 1913

    AC Clermont-Ferrand : O216 513 14A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1025 15A, demande d'alignement maison12 boulevard Cote-Blatin, 1922

    AC Clermont-Ferrand : O216 1025 15A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1842 15A, demande d'alignement villa pour la société l'union approvisionnement, 63 boulevard Cote-Blatin, 1923

    AC Clermont-Ferrand : O216 1842 15A

Bibliographie

  • Ministère de la Culture et de la Communication. Direction de l'Architecture et du Patrimoine. Espace urbain. Vocabulaire et morphologie. Réd. Bernard Gauthiez. Paris : Centre des Monuments nationaux / Monum, Éditions du patrimoine (coll. "Principes d'analyse scientifique"), 2003.

    CDP Clermont-Ferrand

Documents figurés

  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 69, Alignements : quartiers des Paulines (1881-1935), Avenue d’Aubière : partie comprise entre le bd Lafayette et le pont du chemin de fer (1922, 1923 – plan : 1923), crayon sur fond de plan imprimé, papier, échelle 0.002 pm

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 69
  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 69, Alignements : quartiers des Paulines (1881-1935), Avenue d’Aubière : partie comprise entre le bd Lafayette et le pont du chemin de fer (1922, 1923 – plan : 1923), crayon sur fond de plan imprimé, papier, échelle 0.002 pm

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 69
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Articulation des dossiers
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