Dossier d’aire d’étude IA74002651 | Réalisé par ;
Guibaud Caroline (Rédacteur, Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Présentation de la commune de Héry-sur-Alby
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Hauts de l'Albanais
  • Adresse
    • Commune : Héry-sur-Alby

Introduction historique

Comme pour les communes voisines, on constate une grande stabilité de l'implantation des constructions entre la mappe sarde (levée vers 1730) et le 1er cadastre français, en 1889. Si le bâti reste majoritairement datable du 19e siècle, avec des remplois d'époques antérieures (portes ou fenêtres à encadrements chanfreinés, par exemple sur les vestiges de la maison des Blanli à Liaudy, IA74002726, ou une ferme de Boqueraz, IA74002714, peu fréquents cependant par rapport aux communes des Hauts de l'Albanais savoyard), Héry-sur-Alby se caractérise par la présence de plusieurs maisons datées du 17e (maison au chef-lieu datée 1649, IA74002670 ; maison noble du Plat, dite Chez Blanchet, datée 1668 et 1769, IA74002707) et 18e siècles (fermes Chez les Gaime, date portée 1737, IA74002656 et IA74002657 ; ferme à Molnaz datée 1791, IA74002713 ; maison à Boqueraz datée 1798, IA74002713), dont une part notable du bâtiment et de ses dispositions correspond à la datation en question ; une ferme porte une date du 16e siècle, mais les vestiges de cette époque y sont réduits (IA74002675). A côté de la maison noble isolée des Plats, qui représente le type de bâti ancien le plus fréquent du secteur, on peut remarquer ici l'existence de maisons du 17e ou 18e siècle au village ou dans un écart. On peut considérer que l'architecture militaire a totalement disparu : il ne reste plus rien du château signalé au chef-lieu, et aucun vestige défensif sur le site de la maison des Blanly à Liaudy, parfois qualifiée de maison forte dans la mémoire orale, mais sans doute simple résidence.

La comparaison de la mappe sarde, du 1er cadastre français de 1891 et du recensement de 1901 montre que les principaux écarts sont déjà existants à l'époque de la mappe : les Gaime, Liodis (Liaudy), le Mas, Moliena (Molnaz, avec en périphérie des maisons portant d'autres noms de lieux-dits : Narüe et le toponyme les Essertous, évocateur de l'agrandissement du hameau par défrichement de nouvelles terres), Boqueraz et les Granges, qui porte alors le nom de Parelle. Les principales fermes des lieux-dits des Plats, Galissat (actuellement les Combes), les Costes (actuellement Chez Morens), l'Epine (actuellement Chez Orsat) ont déjà leur implantation ; si les deux premiers lieux sont considérés comme des hameaux en 1901, ils ne présentent pas d'organisation urbaine (il s'agit de deux ou trois fermes distantes de plusieurs centaines de mètres) et n'ont donc pas fait l'objet d'un dossier d'oeuvre ; quant à Chez Orsat, cet embryon d'écart est finalement resté limité à deux fermes, aujourd'hui rassemblées en une seule propriété. Enfin la ferme isolée de la Veitro (la Voitraz) et celle de la Croix (Chez Voisin) ont donné lieu à l'installation de hameaux, mais au nord de l'implantation initiale pour Chez Voisin. Aucun des bâtiments des écarts reconnus en 1901 des Monts, du Pessay et de la Pesse n'existent en 1730, et hormis les lieux déjà cités, seules trois granges isolées (deux granges isolées vers le Chéran et une Chez Violet, au centre de la commune) et le moulin du Chéran (futur moulin Brachet) existent en 1730.

Comme dans les communes voisines, on constate dans le courant du 19e siècle un fort développement d'un habitat isolé de fermes, auxquelles le 1er cadastre donne le nom de leur propriétaire de l'époque (par exemple pour la section A : Chez Truffet, Chez Flison, Chez Guers, Chez Mathieu des Combes, Clos Magnin/Chez les Nânes, Clos Folliet/Chez Bertout). Certains de ces lieux ont disparu (section A9, Au Pessay ; A10, Clos Folliet / Chez Bertout ; B2, Chez Jean Matrod (non vue), Chez Gouvernon ; B3, Chez Folliet ; B4, Chez Bernard ; C3, Chez la Nâne ; C5, Pré Fournier ; D1, Pré Jacquet)

Au 18e siècle il y a peu de propriétaires "forains" (ne résidant pas dans la commune) non nobles : Michel Dubois, de Rumilly, propriétaire (entre autres) d'une grange au chef-lieu, Joseph Vibert, bourgeois d'Annecy, propriétaire d'une maison à Boquerat (voir IA74002713), et Claude Malinjoux, d'Annecy, pour une parcelle de châtaigniers. Parmi les propriétaires nobles, les plus importants sont Louise de Montvuagnard (qui possède une maison à Héry), Claude Philibert de Montfalcon (avec la maison noble du Plat), François d'Alby (qui a trois maisons à Molnaz), Martin et Christophe Blanly (et leur maison à Liaudy) ; le marquis de Tournon, Félix Emmanuel, marquis d'Alby, Philibert de Montpon, Jean-Baptiste Morand, François Duverney, le sieur Marcelard et Mathieu de Marclay n'ont que des parcelles non bâties. Enfin la propriété ecclésiastique se limite pratiquement à celle de la cure d'Héry, hormis quelques parcelles appartenant à la curé de Saint-Maurice à Alby, la chapelle de Sainte-Magdeleine à Saint-Félix et la cure des Frasses. En 1890, une grande ferme des Plats (IA74002711) appartient aux Hospices civils d'Annecy (jusqu'aux années 1950, renseignement oral).

En raison de leur très grand nombre, la liste des dates est donnée en annexe. En effet, 80 dates ont été relevées lors de l'enquête de terrain, pour un total de 90 dossiers d'oeuvre architecture (un même bâtiment peut porter jusqu'à trois ou quatre dates qui documentent la même campagne de construction ou des campagnes successives). Pour les fermes, cela représente 43 fermes sur 62 repérées ou étudiées, soit presque 70 % du corpus ; à titre de comparaison, selon les chiffres disponibles lors de la rédaction du dossier (mai 2020), 31 % des fermes du secteur portent une ou plusieurs dates (116 sur 373), mais ce chiffre tombe à 23 % si on exclue la commune d'Héry (71 fermes datées sur 311).

Les chiffres de population données par les recensements (site cassini.ehess.fr et AD Haute-Savoie) accompagnent la répartition de ces dates portées, qui connaissent un maximum dans les trois derniers quarts du 19e siècle : après un léger recul à la fin du 18e siècle, on constate en effet une très forte croissance démographique dans la première moitié du 19e siècle, la population passant de 452 individus en 1806 à 546 en 1822 (le nombre de dates portées pour les deux premiers quarts de siècle est particulièrement inhabituel) et surtout à 756 en 1848 et 1861 (755 individus, qui occupent 136 maisons). Le maximum démographique est atteint en 1872, avec 797 habitants. Par la suite, si la population diminue, le nombre de maisons augmente encore (710 habitants pour 156 maisons en 1891, 639 habitants pour 174 maisons en 1901), avant de diminuer à son tour (486 habitants pour 120 maisons en 1936) : les dates portées du 20e siècle correspondent en général à des travaux de rénovation ou agrandissement des parties agricoles. Le minimum démographique est atteint dans le 3e quart du 20e siècle (données INSEE : 339 habitants en 1968 et 1975) avant de remonter très rapidement entre la fin du 20e siècle et le début du 21e : en 2016, il y avait 971 habitants pour 379 maisons et 39 appartements.

L'état de section de 1891 permet de donner un éclairage sur un phénomène constant des communes du massif des Bauges, l'émigration vers les villes et les emplois qu'elles proposent, en le précisant pour le cas particulier d'Héry, où les départs ont moins ciblé Paris que les villes de la région. Pour la famille Orsat, de chez Orsat, l'état de section mentionne Jean Orsat, garçon de magasin à Lyon, Jean-Claude Orsat, épicier à Lyon, Léon Orsat, garçon de magasin à Lyon, François Orsat, garçon de café à Lyon ; pour la famille Lansard, à Liaudy, on trouve Marie Lansard, veuve d'Eugène Delenne, et Augustine Lansard, veuve de François Lansard, dévideuses en soierie à Lyon ; Marie Lansard et Boniface Marcellin Lansard, tisseurs à Lyon ; Jean-Marie Lansard, garçon de recette à Annecy ; Joseph Lansard, boucher à Albens.

Introduction topographique

La commune, d'une superficie de 733 ha, est bordée à l'ouest par la vallée sinueuse du Chéran, profondément creusée dans les collines de molasse des derniers contreforts du massif des Bauges ; le chef-lieu, les plus gros hameaux (Boquerat, le Mas, Molnaz, Chez les Gaime) et des fermes éparses (la Pesse, les Combes, les Plats) occupent la bande de terrain relativement plat, autour de 570-580 m d'altitude, qui la borde à l'ouest et bénéficie de fenêtres paysagères vers les communes des Hauts de l'Albanais haut-savoyard (Gruffy, Cusy) et vers les Bauges (montagne de Banges, tours Saint-Jacques...). Plus à l'est on retrouve comme à Chainaz-les-Frasses la zone de petits monts (culminant à 702 m), au-dessus de la plaine d’Albens, et les vallons boisés orientés est-ouest, creusés par des ruisseaux affluents de la Deysse (altitude minimale de 398 m). Les hameaux plus petits de la Voitraz, les Granges, Liaudy (le plus important) et les fermes qui s'égrènent le long des routes et chemin des Monts, Chez Voisin ou Chez Morand.

Il n'y a aucun point de passage sur le Chéran, la passerelle desservant le moulin Janin depuis Gruffy ayant disparu depuis au moins les années 1950. Un pont traverse la Meudraz pour supporter la route D3 qui rejoint Cusy à Héry (via Balevaz) ; un vieux pont sur la Meudraz est mentionné en 1907 (AC 1D : 1. Délibérations du conseil municipal du 14 avril 1907 : vente des matériaux du vieux pont de la Mendraz qui est depuis longtemps complètement inutile et qui ne peut servir à la circulation).

Le village d'Héry concentrait jusqu'au milieu du 20e siècle une part importante de l'habitat ; sa place principale est dotée de plusieurs éléments structurants (église, mairie-école, presbytère, bassin, croix monumentale, café-restaurant encore en activité).

Il n'y a pas de carrière de pierre ni de molasse ; si la majorité des édifices reste construit en petit moellon de calcaire, avec des encadrements en calcaire et plus rarement en molasse, le pisé prend de l'importance dans les constructions, avec parfois des encadrements en bois.

Caractéristiques de l'architecture

Les fermes

La grande majorité (92%) des 62 fermes repérées présentent une juxtaposition des fonctions (habitation, étable, grange, remise) sous un même toit, dans des travées perpendiculaires à la façade principale située en mur gouttereau ; si on se fie au plan-masse des nombreuses fermes isolées disparues ou trop dénaturées pour être repérées, cette proportion pouvait même être plus élevée. Cinq des fermes repérées présentent une habitation et une grange-étable dans des bâtiments distincts. Le reste est formé de fermes à superposition (un cas) ou à juxtaposition en profondeur (un cas). On peut cependant souligner la présence de granges ou granges-étables disjointes du bâtiment à juxtaposition, assez nombreuses dès la mappe sarde (le livre des numéros suivis en recense 48), soit totalement isolées, soit à proximité de la "maison". Ce type de granges-étables existe toujours, par exemple à Liaudy.

82% des habitations ont deux niveaux, avec le plus souvent un rez-de-chaussée et un étage carré (72,5%), ou une habitation sur cave en étage de soubassement (9,6%) ; quelques logis ont des combles à surcroît habités (souvent aménagés après-coup), et seuls deux des logis repérés reposent sur un sous-sol. Des escaliers extérieurs en façade de ces logis sont dessinés sur la plupart des bâtiments sur le cadastre de 1891, et ils subsistent sur plus de la moitié du corpus (35 cas, dont 22 en bois, 7 en béton, qui remplacent souvent des escaliers de bois, et 7 en maçonnerie calcaire, souvent sur les maisons-fermes les plus riches et les plus anciennes). Trois habitations ont un seul niveau d'élévation, 8 ont trois niveau (étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé et 1er étage, 13 %). 17 fermes repérées (27,4 %) sont mitoyennes, phénomène qui concerne le chef-lieu et les écarts.

Les logis s'organisent autour des deux pièces principales, la cuisine et le pêle, qui fait office de salle et parfois de chambre. Le mobilier standard de la cuisine comprend une cheminée à ébrasements et linteau en molasse, parfois orné d'un petit décor sculpté, situé sur le mur de refend la séparant du pêle, et souvent pourvue d'un placard au revers, par lequel la chaleur pouvait se communiquer au pêle, et d'un potager (neuf ont été repérés) souvent situé sous la fenêtre. Dans les fermes les plus anciennes, on trouve de grandes cheminées à foyer ouvert dont la hotte repose sur une poutre traversant toute la largeur de la pièce (IA74002703). Dans le pêle se trouvait souvent un placard garde-manger aménagé dans le mur nord, dont la présence a été repérée sur 14 fermes du corpus (constatée lors d'une visite ou déduite de la présence de jours d'aération en façade nord). Le reste de l'organisation présente plusieurs variantes : pièces d'habitations réunies sur un seul niveau (46 %), le plus souvent sur un niveau de caves, ou sur deux niveaux (les chambres sont alors à l'étage (53 %) ; emprise du logis sur une seule travée de largeur (exemple : habitation sur le même niveau, IA74002673 ; sur deux niveaux, IA74002729, IA74002738 avec un étage), ou sur deux (exemple : habitation sur le même niveau, IA74002690, IA74002703 ; sur deux niveaux, IA74002695).

Le matériau principal est le moellon de calcaire enduit à pierre vue, avec des encadrements en calcaire (avec linteau en bois cintré pour les portes de granges, d'étables et parfois de caves : repéré sur environ un tiers du corpus, mais ce sont des ouvertures qui ont souvent été agrandies et dont le matériau a donc été modifié). On trouve quelques encadrements en molasse, et quelques linteaux en brique pour des ouvertures d'étables. On trouve fréquemment des murs en pisé sur les habitations pour les derniers niveaux d'élévation et les murs arrière (18 cas, soit 29 % du corpus), ainsi que pour les granges-étables (exemple à Liaudy, IA74002732), avec des encadrements qui peuvent être en bois. Deux édifices totalement en pisé ont été repérés, une grange-étable à Liaudy (IA74002731) et surtout la ferme Chez Saint-Marcel (IA74002697). Mais le pisé étant souvent masqué par un enduit, surtout sur les habitations, cela peut rendre son identification difficile.

Tous les toits en chaume de seigle attachée par des barres de saule ont disparu, surtout à partir des années 1930, pour plusieurs raisons conjointes : les pressions règlementaires relayées par les compagnies d'assurances pour lutter contre l'incendie, la disponibilité de matériaux liée aux facilités de l'acheminement en train et au développement de tuileries locales (tuilerie Poncigny, à Albens, puis Montchanin), l'exhaussement des murs des fermes afin d'agrandir le fenil dans le contexte de la spécialisation laitière des exploitations, subventionnée dans les années 1950 (à hauteur de 15% du prêt bancaire, renseignement oral), avec installation de monte-foin quatre câbles, puis de monte-foin à griffe.

Les petites dépendances : fours à pain, puits et bassins

L'enquête de terrain a permis de recenser 22 fours à pain encore existants (bien que parfois hors d'usage) dans la commune. Ce nombre était bien plus élevé, ainsi que le plan du 1er cadastre français, en 1890 (les fours étant souvent édifiés sur la même parcelle que le bâtiment principal de la ferme, ils n'apparaissent pas dans l'état de section), complété par l'enquête orale, le laissent deviner : on compte ainsi au moins une dizaine de fours détruits, leur usage étant tombé en désuétude, dans la 2e moitié du 20e siècle (par exemple : à Héry, four des fermes IA74002673 et IA74002674 ; four de la ferme des Plats nord/Chez Maquignon IA74002722 ; four du hameau de la Voitraz).

La plupart des fours existants en 1890 sont déjà représentés sur la mappe sarde, bien que la plupart du temps à un emplacement distant de quelques dizaines de mètres. Le livre des numéros suivis de la mappe recense 17 fours, dont six appartiennent à plusieurs propriétaires de la même famille (ou tout du moins portant le même nom, par exemple Claude et Bernard Plantard pour un four au chef-lieu ou Maurice, Claude Brachet et frères pour un four à l'Epine) et un est décalré comme relevant de la "communauté, bien pour l'usage commun", le four de Boquerat. Trois fours de hameau, dont l'usage et l'entretien était partagé entre tout ou partie des habitants, sont encore debout : à Boquerat (héritier du four de la mappe, voir IA74002718), Liaudy et Chez les Gaime. Il y en aurait eu également Chez Voisin (1890 D3 249, en indivision entre deux propriétaires du site), au Mas ("four banal" 1890 B5 376 bis, détruit dans la 1ère moitié du 20e siècle) et à la Voitraz (oral).

La particularité de la commune réside dans l'existence d'un nombre important de fours à pain à l'intérieur des maisons : dans la cuisine (un seul cas, Chez les Gaime, IA74002655), mais plus fréquemment à l'étage de soubassement (quatre cas recensés : fermes de Franche Terre IA74002688, les Combes/Champ Brachet IA74002690, les Combes/Galissard IA74002691, Prés des Filles/Chez Gaimoz IA74002710. Tous les intérieurs n'ayant pas été visités, il peut y en avoir d'autre). Cette disposition est très rare dans ce secteur (un autre exemple vu à Saint-Ours, Chez Robert IA73004399). Un acte de partage daté du début du 18e siècle et concernant un édifice du hameau de Liaudy aurait mentionné un four à pain sous l'habitation (oral).

La majorité des fours occupent un petit bâtiment séparé du bâtiment principal de la ferme, mais comportant souvent une remise, un bûcher ou une petite étable (loge à porc, poulailler...) adossé, voire une pièce en étage (Chez les Gaime, Chez Mathieu des Combes). L'auvent devant l'entrée du four est protégé par une avancée de la charpente avec pignon ouvert ; seuls deux exemples d'auvents voûtés ont été repérés (four de Chez les Gaime, IA74002659, et four aux Combes, IA74002689). Le matériau de construction est généralement le petit moellon calcaire pour la maçonnerie encaissante, avec des exemples en parpaing de béton artisanal signalant une reconstruction relativement récente (four de Liaudy), et la molasse pour le four ou des dalles en terre cuite réfractaire fabriquées par l'usine Terrassier (pour cinq fours).

Puits et bassins

La majorité des fermes possède un puits sur le plan du 1er cadastre français. Comme pour les fours à pain, sa propriété peut être partagée (il a alors son propre numéro de parcelle). Aucun puits avec margelle ou édicule de protection n'a été vu lors de l'enquête. Les puits ont été remplacés au début du 20e siècle par des fontaines : des bassins en béton ont été recensés, la plupart des hameaux en possède encore un (celui des Granges est daté 1899, ceux de Liaudy, la Voitraz et Molnaz, de 1906) ou plusieurs fermes en partagent la propriété (exemple Chez les Gaime, aux Monts) ; son utilisation réservée à un seul propriétaire est peu fréquente (une dizaine de cas). L'adduction d'eau, de même que l'électrification de la commune s'est faite dans les années 1925-1930 (au chef-lieu).

Les croix de chemin

Cinq croix sont encore visibles dans la commune : deux en bois, témoignant d'une vague de réfection à la fin du 20e siècle et au début du 21e (faisant suite à des réparations après les missions de 1947 et 1956 ; oral), une en béton et deux en pierre calcaire (les croix de l'ancien et du nouveau cimetière). La documentation mentionne plusieurs croix disparues : plusieurs sont dessinées et nommées sur le 1er cadastre français, en 1890 : la "croix d'Héry", à l'emplacement actuel du monument aux morts (section A6), la croix de la Fortune sur la route des Combes (section A8), la "croix du Pré Perret" à l'angle du chemin Borgne et du chemin de Chez Voisin, au pied de la colline des Crêts (section D1), la "croix de la Voitraz" à l'angle de la route de la Voitraz et d'un chemin partant sur la colline des Crêts (section D3) ; enfin une croix aurait été élevée derrière Chez les Gaime (section A2), à un carrefour de chemins, en mémoire des trois fils Saint-Marcel morts à la 1ère Guerre (détruite vers 1965-1970 ; oral).

Les activités agricoles

Cultures et prairies

L'élevage laitier s'est développé à Héry-sur-Alby comme dans les communes environnantes dans la 2e moitié du 19e siècle. Une fruitière est créée au chef-lieu dès 1865 (en fonction jusqu'en 1985). Des postes à lait assuraient la récolte du lait à Boquerat et Liaudy ; certaines exploitations du sud-ouest de la commune portaient leur lait à la fruitière de Chainaz-les-Frases (voir IA73002610). La spécialisation laitière s'est traduit par l'augmentation du volume des fenils, obtenue par surélévation des bâtiments (ajout de quelques rangs de parpaing de béton artisanal), équipés de monte-foin à poulies puis à griffe. Des cuves à grain, vestiges de l'importance des cultures céréalières dans les exploitations traditionnelles, ont cependant été repérées dans deux fermes (selon un témoignage oral, les fermes en avaient deux, pour le blé et l'orge). La commune compte encore six exploitations agricoles en activité, dont une exploite un alpage sur le Revard (GAEC du Revard, située à la sortie sud-ouest du chef-lieu).

Les sols sont occupés essentiellement aujourd'hui par des prairies, du maïs, un peu d'orge et de tournesol (source : géoportail, Registre parcellaire graphique 2016). On trouve encore des prés-vergers assez nombreux mais dont les arbres ne sont plus exploités ; cette culture s'est développée après 1860, le train permettant l'acheminement des pommes vers Lyon. L'exploitation des châtaigniers a été importante dans la commune (nombreuses parcelles signalées en 1890). Les bogues étaient rassemblées en tas (le "gorfi") recouvert de branches de sapin ; elles étaient ensuite battues pour en extraire les châtaignes 15 jours avant leur vente à la foire de Saint-André à Annecy (la saint André est le 30 novembre). Les arbres de rapport (noyers, châtaigniers, chênes...) pouvaient se présenter sous forme de haies au milieu de prés. Les surfaces boisées restent importantes dans la commune, en particulier sur les rives du Chéran et de la Meudraz.

La commune comptait deux moulins à farine, le moulin Janin, le plus ancien et qui a fonctionné le plus tard (IA74002704) et le moulin dit de l’Escarlin, en aval du précédent (il a disparu). Il n'y avait ni scierie, ni moulin à huile, comme le rappelle une délibération prise à l'occasion de la demande de concession des eaux de la Monderesse et de l'Eau Noire (à (Saint-Ours) par la Ville d'Aix-les-Bains, contre laquelle s'élève la commune d'Héry-sur-Alby, arguant qu'il y a plusieurs usines sur le parcours de ces ruisseaux, dont des scieries et huileries qui profitent aux habitants d’Héry, qui n’en ont pas de plus proche, et que la concession des eaux à Aix aurait pour effet de supprimer ces usines (AD 74. 1D : 2, délibération du 12 décembre 1897).

La vigne et le tabac

La vigne est signalée dès la mappe sarde ; elle est alors cultivée un peu partout sur les terrains en pente. En 1890, on la trouve surtout sur les coteaux de la partie ouest de la commune (toponyme les Vignes noires et les Vignes blanches...). Elle a totalement disparu dans les années 1950, mais on trouve encore des pressoirs et des tonneaux dans les fermes. Un alambic s'installait pour la distillation des moûts au chef-lieu et à Boquerat (les habitants de la commune allaient également à Lachat, commune de Cusy).

La culture du tabac a été pratiquée dans de nombreuses fermes, mais sur de petites surfaces, de la fin du 19e siècle aux années 1960-1970. Le tabac était livré à la manufacture de Rumilly. Quatre séchoirs à tabac ont été repérés lors de l'enquête (Chez les Nânes, Franche Terre, les Plats, Liaudy), mais le séchage s'effectuait souvent dans le comble de l'habitation ou dans une partie du bâtiment d'exploitation dont ce n'était pas la fonction désignée.

Documents d'archives

  • AD Haute-Savoie. E DEPOT 142/1D 1. Registres des délibérations de la commune d’Héry-sur-Alby. 21 juillet 1861-23 janvier 1881. Accès internet : <http://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a0114121656567uBqM7>.

    AD Haute-Savoie : E DEPOT 142/1D 1
  • AD Haute-Savoie. E DEPOT 142/1D 2. Registres des délibérations de la commune d’Héry-sur-Alby. 20 février 1881-27 septembre 1903. Accès internet : <http://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a0114121656567uBqM7>.

    AD Haute-Savoie : E DEPOT 142/1D 2
  • AD Haute-Savoie. Série 6M : 247. Héry-sur-Alby. Listes nominatives communales des dénombrements de la population, 1861-1936. 15 fascicules (1861, 1866, 1872, 1876, 1881, 1886, 1891, 1896, 1901, 1906, 1911, 1921, 1926, 1931, 1936), disponibles en ligne, http://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a011410949018c1iAXt.

    AD Haute-Savoie : 6M : 247
  • AC Héry-sur-Alby. Livre des délibérations du conseil de fabrique du 2 juin 1861 au 4 mai 1902. 1 registre papier.

    AC Héry-sur-Alby
  • AC Héry-sur-Alby. 1D : 1. Registre des délibérations de la commune de Héry-sur-Alby (1er novembre 1903 au 25 janvier 1946).

    AC Héry-sur-Alby : 1D : 1
  • AC Héry-sur-Alby. 1D : 2. Registre des délibérations de la commune de Héry-sur-Alby (14 mars 1946 au 14 juin 1977). 1 registre papier.

    AC Héry-sur-Alby : 1D : 2

Documents figurés

  • [Copie de la mappe originale (plan cadastral) de la commune de Héry-sur-Alby] / Signée Cocelli, directeur de la péréquation générale. 1 dess. : lavis, papier collé sur toile. Echelle : 1:2372. Dimension : 160 x 160 cm. 1732 (AD Haute-Savoie. 1 C d 198, 1 C d 198-COPIE ; accès en ligne <http://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a0114001415163A474q>).

    AD Haute-Savoie : 1 C d 198, 1 C d 198-COPIE
  • Plans cadastraux du premier cadastre français de Héry-sur-Alby / Bonnevie (géomètre en chef) ; Revenaz (géomètre de 1ère classe). 29 dess. : lavis sur papier. Échelle : 1:10 000 (tableau d’assemblage) ; 1:1000 (sections, sauf A6 : 1:500). 1890 (AD Haute-Savoie. 3P 3/5207-5235. Accès en ligne: <http://archives.hautesavoie.fr/ark:/67033/a011453302756dbbOdC>).

    Tableau d'assemblage ; section A d'Héry, feuilles 1 à 10 ; section B de Molnaz, feuilles 1 à 7 ; section C de Boquerat, feuilles 1 à 5 ; section D de Liaudy, feuilles 1 à 6).

    AD Haute-Savoie : 3P 3/5207-5235

Annexes

  • Edifices non repérés de la commune de Héry-sur-Alby
  • Liste des dates portées relevées dans la commune
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2019
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

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