Dossier d’œuvre architecture IA74003233 | Réalisé par
Guibaud Caroline (Rédacteur, Enquêteur)
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique, Inventaire du Parc naturel régional du Massif des Bauges
Village de Quintal
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
  • © Parc naturel régional du Massif des Bauges

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hauts de l'Albanais
  • Commune Quintal
  • Lieu-dit Quintal, Quintal-est, Dessous le Tourn, la Plattière, le Village de l'Eglise
  • Adresse
  • Cadastre 1732 Dessous le Tourn ; la Plattière ; le Village de l'Eglise  ; 1866 B2 bis  ; 2017 B52
  • Dénominations
    village
  • Parties constituantes non étudiées
    fontaine

Le village, de la mappe sarde au 20e siècle

Le village de Quintal est représenté sur la mappe sarde, vers 1730, dans une implantation proche de l'actuelle : un village-rue étiré le long du chemin qui part de la route reliant Viuz-la-Chiésaz à Annecy vers la ligne de crête du Semnoz ; mais mis à part l'église et le château, la majorité des bâtiments a été largement reconstruite au 19e siècle. Sur la mappe, le chef-lieu correspond aux mas de Dessous le Tourn et Plattière au nord (respectivement pour les côtés ouest ou est de la route), et Village de l'Eglise au sud. la propriété noble s'y concentre, avec le château et plusieurs parcelles appartenant à noble Bertrand de Thônes (qui possède également le "vieux château" du mas de Mount, actuellement Laudon, et la masure et "étang de la scie" [détruits] du mas de Clouz, actuellement lieu-dit des Champs de la Scie, au sud de Chambert, en indivis avec Sigismond du Bellair et Pierre Favre) et une maison avec jardin, une masure et autres parcelles non bâties appartenant à noble Centaure de Disonche.

La mappe permet de dénombrer cinq fours à pain au chef-lieu ; il y en a six en 1866 (sans compter celui du château), avec une répartition similaire (un par "quartiers" d'habitations, appartenant en général à une grosse famille : Long, Beauquis, Gruffy...), auxquels vient s'ajouter le four à pain communal, dit "banal" (1866 B2 bis 1097). Ce four était installé dans un bâtiment situé en retour du presbytère, jouxtant le cimetière. Un conflit d'usage et de propriété retranscrit dans des délibérations communales donne quelques indications sur ce bâtiment, sans doute édifié au début du 19e siècle sur la parcelle du presbytère devenue communale après la Révolution. En 1884, un conflit éclate entre la commune et le curé qui s'oppose à l'usage du four. La commune fait valoir les droits des habitants de cuire leur pain dans ce four, "assez établis par l'usage général qui a été fait pendant très longtemps du susdit four" (un autre acte parle de "preuves d'usage depuis 50 et plus d'années"), et par le fait que les réparations réalisées en 1866 ont été payées par la commune (bien que le curé ait avancé les fonds). Le curé n'en détient la clef que pour régler le partage de l'usage des lieux et s'assurer que deux personnes ne viennent pas cuire leur pain en même temps, en contrepartie de quoi il a le "droit de braise et cendres" (il peut récupérer la braise et les cendres après cuisson). Les revendications du curé sur la propriété du four, et sur les limitations qu'il entend imposer à son usage (réservé aux seuls les habitants du chef-lieu et aux heures diurnes, avec demande d'autorisation) sont refusées (Nos fours... s. d.). Cet édifice a disparu. De nombreux puits sont encore encore visibles, ainsi que des bassins, en particulier au voisinage des fours.

Deux croix de chemin marquent les extrémités du village : une croix de mission au nord et une croix érigée dans le 4e quart du 20e siècle devant l'entrée du château.

La mairie-école a été édifiée après l'Annexion, pendant le mandat du maire Nicolas Beauquis ; on la devine sur une carte postale du début du 20e siècle (voir illustrations). Un projet de reconstruction a vu le jour en 1914 mais n'a pas été réalisé. Cet édifice a été largement transformé dans le 3e quart du 20e siècle et réservé à l'école. La mairie est installée dans le presbytère en 1892, avant de déménager de nouveau en 1985, dans la maison appartenant en 1866 à Nicolas Beauquis.

En 1914, le chef-lieu concentre 40 maisons et 175 personnes (sur 276 pour la commune). Le recensement de 1911 y localise le géomètre Eugène Beauquis, le fromager François Beauquis (la fruitière a été transformée en salle communale ; voir annexe) ou encore le forgeron Joseph Janin, et deux boulangers. L'architecture présente un habitat mitoyen au milieu du village et non mitoyen, avec des cours ouvertes, aux extrémités. Il s'agit essentiellement d'anciennes fermes à juxtaposition, dont le logis a parfois un escalier extérieur (non majoritaire). On peut noter parmi les caractéristiques la présence de portes (de cave ?) en arc en anse de panier sur les édifices du début du 19e siècle (ferme, actuellement mairie ; presbytère, voir annexe), et l'utilisation de tuile écaille.

Les personnalités liées au chef-lieu de Quintal

Fanny Maigre-Calas

Françoise, dite Fanny Maigre-Calas était la fille adoptive d'un descendant de Jean Calas, commerçant protestant exécuté en 1762 à Toulouse après un procès inique. Elle est propriétaire du château de Quintal dans le 3e quart du 19e sècle. En 1870, son régisseur J.-M. Drompt, à qui elle a légué une partie de sa fortune (peut-être l'"ami reconnaissant"), demande au maire une concession au cimetière pour la sépulture de Fanny Maigre-Calas, contre une rétribution de 1000 F dont un tiers serait redistribué aux pauvres de la commune (Notre-Dame de la Visitation..., 2015).

Son monument funéraire est déposé dans l'actuelle mairie :

Borne tronconique en calcaire. Mortaise avec reste de tenon cassé dedans en partie supérieure. Inscription gravée : LA / REPOSE / MELLE FANNY MAIGRE-CALAS / - / METTANT EN DIEU SA CONFIANCE / ESPERANT TOUT DE SA BONTE / DANS LE SEIN DE LA PROVIDENCE / ELLE TROUVE SON REPOS ET SA FELICITE. / UN AMI / RECONNAISSANT / [une accolade].

La dynastie Paccard

Le nom de Pacquard est largement représenté dans la commune à l'époque de la mappe sarde (vers 1730). En 1795, Antoine Paccard, forgeron, est syndic de la commune. A l'occasion de la commande d'une cloche pour l'église paroissiale, il s'initie à la fonte auprès du fondeur suisse Jean-Baptiste Pitton, en 1796. L'une de ses premières oeuvres connues est la seconde cloche de l'église de Quintal, datée de 1817. Il est le fondateur de la dynastie de fondeurs de cloches qui travaille à Quintal, où la famille aurait habité le château (renseignement oral) avant de déménager à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie) entre 1854 et 1857. A Antoine (actif après 1796, mort en 1830 ou 1832) succèdent ses fils Jean-Pierre et Claude ; Georges (actif en 1891), Francisque et Victor (fils de Jean-Pierre), avec la marque Paccard Frères ; Joseph et Louis, fils de Georges, actifs en 1914, avec la marque Les fils de G. Paccard ; Alfred, fils de Louis, et ses cousins, Henri et Jacques ; Pierre, fils d'Alfred (actif dans les années 1980) ; Philippe et Cyril, fils de Pierre.

Les Beauquis

Les frères Claude et François Beauquis sont propriétaires d'une maison et d'un four au mas de Mount (Laudon). La famille, ou une de ses branches, s'installe ensuite au chef-lieu, dans une ferme édifiée en 1837, qui appartient en 1866 (état de section) à Nicolas Beauquis, maire de la commune depuis 1861. On retrouve un Jean Beauquis comme maire dans les années 1880. Lorsque les fondeurs Paccard quittent Quintal, Nicolas et ses frères Joseph et Jean-Philibert Beauquis, beaux-frères du fondeur Jean-Pierre Paccard, reprennent leur atelier, avec les ouviers Pierre David, mouleur et tourneur, et Calixte long, mouleur. La fonderie Beauquis a été active entre les années 1850 et 1880 ; elle a été détruite par un incendie provoqué par la coulée d'une cloche. Elle aurait fondu 136 cloches (selon Wikipédia), dont Marie en 1856 pour l'église de Mûres, ou la grosse cloche de l'église de Mercury (Savoie).

Le village est représenté sur la mappe sarde (vers 1730), avec les noms de Plattière, Dessous le Tourn et Village de l'Eglise. Plusieurs bâtiments reprennent plus ou moins l'implantation de maisons dessinées sur la mappe, avec des structures similaires de fermes non mitoyennes sur cour, aux extrémités, ou mitoyennes et sur rue, au milieu mais il ne reste aucun bâtiment datable d'avant le 1er quart du 19e siècle. Les fermes ont été reconstruites entre les années 1810 et 1900. Il y avait six fours à pain en 1866 (il en subsiste quatre).

Relevé des dates portées sur des linteaux de portes d'édifices non repérés (souvent en remploi) : 1788 (porte du jardin du presbytère) ; 1826 (ferme) ; 1828 (ferme) ; 1843 (ferme).

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
  • Dates
    • 1788, porte la date
    • 1826, porte la date
    • 1828, porte la date
    • 1843, porte la date

Voir Présentation.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    ardoise, tuile plate mécanique, tuile en écaille
  • Couvrements

F-JDT-Villages et Ecarts-Bauges

  • Disposition majoritaire par rapport à la pente replat
  • Trame urbaine dominante village rue
  • Matériau dominant calcaire
  • Habitat permanent site d'habitat permanent
  • Environnement du village ou écart pavillons
  • Intérêt patrimonial moyen
  • Statut de la propriété

Bibliographie

  • CHATILLON, Sébastien. FAVRE, Jean-Paul. VINCENT, Sylvie. Quintal dans la Grande Guerre. Dactyl., novembre 2014.

  • CHATILLON, Sébastien. FAVRE, Jean-Paul. PALMIER, Dominique. THIERY-AUDUBERT, Brigitte. VINCENT, Sylvie. Notre-Dame de la Visitation. Doyenne du département. Quintal XIe siècle. Seynod : Photoplan, 2015.

  • FAVRE, Jean-Paul. PALMIER, Dominique. VINCENT, Sylvie. Quintal. Nos fours à pain ont une histoire… Dactyl, s. d. (années 2010).

Documents figurés

  • QUINTAL (Haute-Savoie) La Mairie Levenq & Cottin. – Lyon / Levenq & Cottin (éditeur). 1 impr. photoméc. (carte postale) : N&B. 1er quart 20e siècle (AP Podevin).

    AP Podevin
  • [Vue aériennes prises pendant les travaux du château de Quintal, vers 1976] / Photogr. pos. : tirages argentiques coul. 3e quart 20e siècle (Collection particulière).

    Collection particulière

Annexes

  • Les édifices non repérés du village de Quintal
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2020
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
© Parc naturel régional du Massif des Bauges
Guibaud Caroline
Guibaud Caroline

Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.