Historique détaillé
L’église de Quintal, de style roman, est datable du 11e siècle. Les fenêtres de l’abside ont été agrandies à une date indéterminée (fin du Moyen Âge ? les encadrements montrent des réparations, certains blocs ayant été remplacés par un calcaire plus blanc), avec suppression partielle des bandes lombardes du chevet par le nouvel encadrement. D'autres ouvertures datent peut-être de la même époque (même calcaire) : la porte dans le mur sud du transept sud, à linteau en accolade ; une autre porte, en anse-de-panier, percée dans le mur ouest de ce bras du transept et murée ; un enfeu (?) dont les traces sont visibles dans le mur de la nef en retour. Une porte haute en arc brisée (murée), peut-être plus ancienne, donnait accès au comble au niveau de la 3e travée de nef, côté nord. Les fenêtres du transept ont été percées ou sans doute modifiées en forme de demi-lunes au début du 19e siècle (dans un calcaire proche des fenêtres de l'abside) : on les voit sur les photographies d'avant les travaux de 1963 (Notre-Dame...). Le clocher jusqu'au 1er étage, qui porte également un décor de bandes lombardes à deux arcatures, avec une fenêtre en fente au milieu en façade occidentale, remonte également au 1er état de l'édifice.
La visite pastorale de Mgr Just Guérin à QuintaJ, en 1640, mentionne deux chapelles localisées à proximité de la grande porte : l’une dédiée à Saint-Jean-Baptiste, fondée par Jean Songet d'Allandonne (ou Allondone ; signalée dès la visite de 1411), l’autre à Saint-Blaise. La visite de 1688 cite une chapelle sous le vocable de Notre-Dame du Puy, qui est alors dite "en mauvais état et sans recteur" : elle est dotée la même année par noble Centaure de Bertrand de la Pérouse, baron de Quintal (voir IA74003241), qui lui attribue le revenu d'une maison au chef-lieu, d'un champ à la Platière et de cinq autres pièces de terres (Coutin). Ce vocable est à mettre en relation avec la présence à Quintal et plus largement en Genevois, du 13e au 17e siècles, des chanoines du Puy-en-Velay, seigneurs de Quintal d’avant 1302 à 1641.
En 1740, Henri Chevallier, maître-maçon, et Jacques Lacombe, maître-charpentier, visitent l’édifice après un incendie et préconisent des travaux de restauration (murs, voûte, clocher, couvert et plancher). C’est peut-être à cette époque que la nef est couverte d’une fausse voûte en plâtre sur lattis. L’inventaire des biens de l’église établi en 1793 (retranscrit dans Notre-Dame… ; voir IM74000836, annexe) mentionne toujours les chapelles de la sainte Vierge (sans doute celle de Notre-Dame du Puy) à droite du maître autel (patronne : Mme De Vieux ; recteur M. Cochet ; biens associés : pré à la Platière, maison près de l’église), et celle de Saint-Jean-Baptiste à gauche (recteur M. Genoud ; biens associés : pré à la Platière).
Des travaux sont effectués dans les années 1830 : le dernier niveau du clocher est édifié en 1834, et l’étage en dessous cerclé d’un ceinturage en métal mis en place par les frères Beauquis ; la tribune est reconstruite entre 1836 et 1839, par Jean Bogey, maître charpentier à Annecy (né à Héry-sur-Alby). Le perron de six marches est ajouté en 1857 par le maçon Jean Sorlier. En 1866, la commune fait une demande de bois pour pour refaire les escaliers et planchers du clocher. Le portail occidental, en calcaire blanc, semble avoir été mis en place dans le courant du 19e siècle.
Une campagne de travaux importante est effectuée en 1881-1884 : réfection de la toiture du clocher (endommagée par une tempête en 1878), en ardoise, avec réparation du coq, de la corniche, des chéneaux et des abat-sons, réfection du vantail de la porte latérale, des enduits intérieurs et extérieurs, du plancher (en partie remplacé par un dallage ciment) et blanchissement des voûtes en lattis.
Une dernière grosse campagne de travaux est réalisée en 1963, sous la direction de l’architecte Claude Fay, avec réfection des toitures, des enduits intérieurs et extérieurs, agrandissement des fenêtres du transept (au-dessous des demi-lunes), suppression de la voûte en lattis, carrelage de la nef, sans doute aménagement de la sacristie sur l’emplacement de l’ancien four à pain communal (voir IA74003233) et du passage couvert la reliant à l’église (total 119 570,65 F ; entreprise de maçonnerie Daviet, charpente et couverture Canet, zinguerie Folliet, peinture Saccani, électricité Paclet).
Enfin, le clocher est réparé en 2012 après avoir été endommagé par la foudre, et le tour de l’église est dallé en pierre ; des travaux d’assèchement des maçonneries du le chœur et de mise en accessibilité sont réalisés en 2013.
Description
L'église présente un plan en croix latine, avec un clocher-porche à trois niveaux, une nef de trois travées couverte d'un plafond avec tribune au revers de la façade occidentale et un transept voûté d'arêtes terminé par une abside et deux absidioles semi-circulaires voûtées en cul-de-four.
Les maçonneries extérieures présentent un décor de bandes lombardes sur le 2e niveau du clocher et le chevet. Le matériau de construction, couvert d'un épais crépi à relief, n'est pas visible. Les encadrements de baies sont en calcaire : calcaire de couleur ocre pour les deux fenêtres de l'abside, la fenêtre de l'absidiole sud, les fenêtres des extrémités du transept et la fenêtre du bras sud, mur ouest (baies à une lancette en plein-cintre, garnies de grilles en fer forgé), ainsi que pour les portes percées dans le transept sud (à chanfrein, linteau en accolade dans le mur sud, arc en anse de panier dans le mur ouest) et les vestiges d'enfeu (?) visibles dans le mur ouest ; calcaire blanc pour les fenêtres de la nef (une baie à une lancette en plein-cintre par travée), calcaire blanc à grain fin pour le portail. L'oculus ovale au-dessus du portail a un encadrement en béton. Le 2e niveau du clocher est percé côté ouest de jours en bande étroite ; le 3e niveau a une baie en plein-cintre garnie d'abat-sons sur ses murs nord, ouest et sud. Les toitures sont en tuile écaille, à longs pans et croupes rondes, sur la nef, le transept et les absidioles ; le clocher est coiffé d'un toit à l'impériale en ardoise couronné d'une flèche à six pans en zinc avec au sommet une pomme de pin, une croix tréflée et un coq en fer forgé.
A l'intérieur, les murs de la nef présentent des pilastres entre chaque travée, qui ne montent pas jusqu'au plafond ; l'ensemble a été uniformément crépi d'un enduit épais. La tribune en charpente est supportée par deux colonnes doriques en bois ; on y accède par un escalier adossé à l'angle entre le clocher-porche et la nef, côté sud, dont les premières marches sont en pierre et la suite en bois. Le sol est en carrelage de grès.
La sacristie est aménagée dans un petit bâtiment en rez-de-chaussé, coiffé d'un toit à croupes en tuile écaille, relié à la porte sud du transept par un passage couvert.
Chercheur au service de l'Inventaire Rhône-Alpes puis Auvergne-Rhône-Alpes (1999- )