La maison du n°43 boulevard Cote-Blatin participe de la première vague d'édification du lotissement Rouganne (dossier IA63002847), période allant de 1935 à 1941. La parcelle qu'elle occupe est conforme au découpage prévisionnel du plan de lotissement (elle correspond au lot n°12), ce qui constitue une exception pour les terrains donnant sur le boulevard, caractéristique seulement partagée dans cet îlot par le n°49 (lot n°16, dossier IA63002839), quand les lots ouvrant sur la rue Philippe-Glangeaud sont en règle générale fidèles au plan prévisionnel. Il en résulte une implantation de la construction sur une parcelle contrainte par sa forme et sa taille, à savoir une lanière étroite. L'adaptation à cette contrainte se fait par un alignement, la façade de la maison donnant sur le boulevard, avec un espacement permettant une desserte suivant le long côté de la parcelle. Le plan cadastral illustre cette position par le corps de bâtiment en L sur courette latérale, configuration finalisée au début des années 1950 (dans le quart inférieur droit de la photographie aérienne). Si l'on poursuit l'observation de l'adéquation aux lots prévu par le plan du lotissement, ce type de découpage parcellaire s'adapte aux maisons, ce qui est le cas des n°43 et 49 ainsi que de la plupart des édifices de la rue Philippe-Glangeaud. En revanche, la majorité des constructions sur le boulevard étant des immeubles, un remodelage des lots est intervenu.
Le voisinage avec des immeubles ayant repousser les limites des terrains à l'origine imparti ne saute pourtant pas au yeux. À l'image de ce que nous observons pour les maisons édifiées par Valentin Vigneron aux numéros 40 (dossier IA63002798), 38 bis (dossier IA63002832) et 38 (dossier IA63002833) boulevard Cote-Blatin, qui paraissent s'adapter au gabarit bien plus imposant des immeubles des numéros 29 (dossier IA63002797) et 31 (dossier IA63002826), du même auteur, ou même à la résidence du n°42-46 d'André Verdier (dossier IA63002799), la maison du n°43 ne constitue pas une rupture de rythme entre les immeubles du n°41 et ceux des numéros 45 et 47. Elle reprend le motif des balcons de son mitoyen gauche (le n°41) et s'individualise de son voisin de droite, laissant à ce dernier le soin de constituer une cassure urbaine agissant davantage comme une ponctuation que comme une fracture.
Les trois édifices en partant de l'angle de la rue Montgolfier illustrent l'évolution, dans les années 1930, d'une architecture urbaine relativement modeste1. Les immeubles mitoyens du n°2 rue Montgolfier et du n°41 boulevard Cote-Blatin sont sensiblement contemporains (1936 pour le premier et estimé à 1935 pour le second) et l'on discerne, à travers leur traitement de façade, l'inflexion gagnant cette architecture commune. L'immeuble du n°2 rue Montgolfier conserve des traits renvoyant aux années 1920 par la liaison des niveaux, les décors d'allège, l'encadrement de façade opéré au moyen d'un cordon de brique couronnant le dernier niveau, les garde-corps des balcons d'angle rappelant, malgré le transfert de matériau, ceux des architectures néo-régionalistes en bois. Si le n°41 boulevard Cote-Blatin conserve le bossage du rez-de-chaussée surmontant le soubassement en pierre de Volvic et le toit à pans, que l'architecture moderne écartera, l'arc des balcons et la tendance à l'élargissement des baies indique une évolution vers la modernité. Le n°43, de conception plus tardive (1939) représente l'affirmation du vocabulaire de cette architecture moderne.
Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.