Dossier d’œuvre architecture IA63002797 | Réalisé par
Fougère Félicie (Contributeur)
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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  • inventaire topographique, La ceinture des boulevards de Clermont-Ferrand
immeuble
Œuvre étudiée
Copyright
  • © Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Clermont-Auvergne-Métropole
  • Commune Clermont-Ferrand
  • Adresse 29 boulevard Cote-Blatin
  • Cadastre 2022 EW 51
  • Dénominations
    immeuble

L'immeuble du n°29 boulevard Cote-Blatin participe de la première vague d'édification du lotissement Rouganne (dossier IA63002847), période allant de 1935 à 1941. La parcelle qu'il occupe est conforme au découpage prévisionnel du plan de lotissement. Elle y porte le n°2 et doit sa relative absence de profondeur au découpage du bord de l'îlot en trois lots bordant la rue Philippe-Glangeaud. Les n°4 et 6 (n°1 et 35 du plan de lotissement) sont édifiés dans la foulée et conservent également l'emprise parcellaire prévue à l'origine. Ces trois constructions se conforment à une morphologie que l'on retrouve globalement dans ce lotissement : le n°29, en front de boulevard, est un immeuble aux proportions assez imposantes tandis que l'immeuble-maison et la villa situés à l'arrière sont d'un modeste gabarit. Le boulevard attirerait par conséquent une architecture dont le caractère urbain s'exprimerait par une certaine monumentalité. Néanmoins, la rive opposée du boulevard, pourtant également édifiée par l'architecte Valentin Vigneron, accueille des maisons de taille modeste s'adaptant à la contrainte de parcelles exigües. Le prestige d'une position sur le boulevard s'y exprime autrement, par une originalité architecturale mise au service d'une rationalisation de l'espace (dossier IA63002798, IA63002832 et IA63002833). Depuis la place des Prés-Bas, de part et d'autre du boulevard, la villa fait un écho discret à l'immeuble, rappelant que la ville ne se constitue pas par uniformité. Dans l'emprise même du lotissement Rouganne, on peut également nuancer la dichotomie entre les devants d'îlots sur le boulevard, plus volontiers dévolus à des immeubles de gabarit relativement imposant, et fonds d'îlots délimités par la rue Philippe-Glangeaud, aux maisons individuelles inévitablement plus réduites. L'intervention de Valentin Vigneron s'y étend qui, pour le n°30, propose une maison sans grande distinction (dossier IA63002843), conforme alors à la mouvance générale, mais également trois immeubles dérogeant à la règle. Les n°36 (dossier IA63002842) et 18 (dossier IA63002845), conçus sur le même modèle, s'inscrivent à la fin de la première vague d'édification, en 1941, et le n°16 (dossier IA63002846), une dizaine d'années plus tard, est construit au début de la seconde vague d'édification. La rupture de rythme qu'ils insufflent à la rue Philippe-Glangeaud ranime son caractère urbain.

La cession de la portion de terrain nécessaire à l'ouverture du boulevard et à l'établissement d'un carrefour avec la rue des Prés-Bas est actée par la délibération municipale du 29 décembre 1922. Sur le plan d'alignement, un chemin privé est établi à l'est de l'actuelle parcelle EW 51 qui deviendra la rue Philippe-Glangeaud lors du lotissement de ce secteur en 1934. L'immeuble du n°29, comme ces voisins les n°4 et 6 rue Philippe-Glangeaud, font partis des premières constructions de ce secteur (1937 et 1938), situation qu'illustre encore la photographie aérienne de 1947 : dans le quart supérieur gauche de l'image, nous voyons l'enclos de l'entreprise des pétroles de Marseille, dite Rouganne, que longe la rue Philippe-Glangeaud sur la rive de laquelle l'immeuble du n°29 voisine avec les n°4 et 6. L'immeuble d'angle est isolé sur le boulevard Cote-Blatin et il faudra attendre une vingtaine d'années avant que soient construites les parcelles du milieu d'îlot.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1937, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Vigneron Valentin
      Vigneron Valentin

      Architecte, né le 17 février 1908, mort le 04 novembre 1973. Adresses: 22 bis place de Jaude dans les années 1930 ; 3 rue Colbert dans les années 1940 et 1950. Les plans sont formellement dessinés selon la même disposition: filets d'encadrement comprenant l'identité du propriétaire et la localisation en marge supérieure et identification de l'architecte, lieu et date en marge inférieure.

      En décembre 1933, Valentin Vigneron livre les plans non signés de la maison que l'ingénieur Chabran fait construire au n°38 du boulevard Cote-Blatin (la mention, M. Vigneron, 22 bis place de Jaude, se trouve sur la lettre de demande de construction). Les plans s'avèrent plus frustes que la maison elle-même, déjà très caractéristique des réalisations de cet architecte. Les plans de la maison du n°40 boulevard Cote-Blatin datent de juin 1933 et ne sont pas signés. Aucune signature n'est reportée dans le dossier de permis de construire. Le style est moins ouvertement moderne que le n°38 bis (décor du tympan et touche classique du bossage de la porte d'entrée). Cependant, on note une communauté d'esprit dans la distribution intérieure du n°38 bis daté de 1935 et dûment signé par Valentin Vigneron. Enfin, le projet d'agrandissement arrière du n°40, au milieu des années 1950, est élaboré par Valentin Vigneron (son adresse est alors au n°3 rue Colbert à Clermont-Ferrand). Si l'on admet que le n°40 est de la main de Vigneron, comme l'atteste par ailleurs la publication d'Agnès Pranal et Christophe Laurent (Valentin Vigneron, architecte clermontois du XXe siècle, Itinéraire du Patrimoine), on peut avancer que son style mue au cours de l'année 1933 pour adopter la pate qui sera la sienne dans la seconde moitié des années 1930. L'immeuble du n°29 boulevard Cote-Blatin, dont le projet date de 1937, en est un exemple éclatant, ce qui n'empêche l'adoption d'une écriture plus classique, en 1936, pour l'immeuble du n°22 boulevard Jean-Jaurès. Mitoyen du n°29 boulevard Cote-Blatin, le n°31 poursuit l'illustration de l'évolution du style de Valentin Vigneron (en association avec Jean Bosser) au milieu des années 1950 (façade à plan vertical marqué par le quadrillage de l'ossature des planchers et murs de refend en béton). Ce secteur est compris dans le lotissement "Rouganne" dont le périmètre s'étend jusqu'à la voie ferrée. Dans la rue Philippe-Glangeaud qui dessert ce lotissement, Valentin Vigneron signe trois immeubles et une maison. Les immeubles des n°38 et 18, édifiés en 1941, sans mitoyen, en rupture de style et d'échelle avec les maisons voisines, sont d'une écriture très épurée, voire simple, ne sacrifiant au décor que par la présence d'un fronton cintré à base interrompue en courronement d'une travée. Une dizaine d'année plus tard (premis de construire en 1952), Valentin Vigneron édifie sur la parcelle mitoyenne au n°16, un immeuble représentatif de son inspiration au marquage des lignes géométriques, niveaux limités et liaison des travées formant un quadrillage de façade (n°16, rue Philippe-Glangeaud). Toujours sur le boulevard Cote-Blatin les immeubles jumeaux des n° 56 et 58, édifié pour le compte de l'office HLM du Puy-de-Dôme (permis de construire en 1953) offre une sobre écriture horizontale structurée par la limitation des niveaux. Seule concession à l'esthétique: les sculptures en ronde-bosse de Raymond Coulon couronnant les porches d'entrée.

      En 1955, lors du réaménagement de la villa Bergougnan (148 boulevard Lavoisier) pour la transformer en immeuble de bureaux de la chambre du commerce, Valentin Vigneron respecte l'intégrité du bâtiment et conserve les éléments intérieurs (décors, placards de l'étage, cheminées). Il ajoute une colonnade extérieure délimitant la cour et le jardin latéral. En 1958, il s'associe à Antoine Espinasse pour construire une salle de congrès dans l'enceinte de la Chambre de commerce sise au 148 boulevard Lavoisier. Ce bâtiment est situé derrière l'ancienne villa Bergougnan, le long de la rue de Nohanent. En 1968, il dessine les plans de l'immeuble d'angle du 15-15 bis avenue d'Italie.

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      architecte attribution par source, signature

La parcelle EW 51 est placée à l'angle du boulevard et de la rue Philippe-Glangeaud. L'architecte, Valentin Vigneron, aurait ainsi pu opter pour un immeuble épousant l'angle grâce à une construction en L comme le fait Marius Lanquette à la même époque. Observant uniquement la façade sur le boulevard, on trouve un traitement des volumes conforme à ceux de Lanquette, la saillie des bow-window encadrant la travée centrale au rez-de-chaussée de laquelle est placée l'entrée, cette travée centrale commandant également à un étagement des volumes par le retrait de l'attique. Cependant, le pivot du déploiement de ce parti est, chez Lanquette, constitué par la travée d'angle faisant office de travée centrale, dispositif possible lorsque le corps de bâtiment s'articule en L, tandis que Vigneron, se refusant au rôle pivot de l'angle, reporte son jeu de volume sur la façade longeant le boulevard tout en évitant la massivité qui aurait pu résulter d'une plate symétrie par l'accroissement du volume au moyen d'une doucine sommitale et du léger fronton en chapeau de gendarme couronnant la superposition des décors des allèges. L'angle est alors laissé à la libre expression de l'auteur. Vigneron inverse la tendance qui le traite d'ordinaire par un pan coupé en rez-de-chaussée surmonté d'une travée en saillie convexe. Les pans coupés sont placés en encadrement d'une travée concave permettant de loger des balcons en éventail. Cette formule inspire Jean Bosser, quelques années plus tard, au n°1 du boulevard Cote-Blatin (dossier IA63002793). Elle est déclinée, la même année, en 1937, par Vigneron qui décale le principe de l'angle au n°110 du boulevard Lavoisier (dossier IA63002834). En 1936, ce jeu formel est d'abord pensé hors de toutes considérations de traitement d'angle, puisqu'appliqué à la travée centrale de l'immeuble du 24 boulevard Jean-Jaurès (dossier IA63002808), procédé qui sera également repris, en 1939 au n°64 du boulevard Jean-Jaurès (dossier IA63002825), par Jean Bosser qui en inverse la forme puisqu'alors les balcons, loin d'être inclus dans le renfoncement de la travée, seront placés en saillie.

La symétrie de façade commande à la répartition intérieure. L'entrée en travée centrale ouvre sur un escalier également central distribuant deux appartements par étage symétriquement réparti autour d'un hall. La seule entorse à l'effet miroir des deux appartements est le positionnement du salon, à l'avant dans le logement de droite, à l'arrière pour ouvrir sur le balcon à gauche. Le plan illustre un rejet de l'angle droit qui avait culminé l'année précédente, en 1936, dans l'immeuble du n°33 boulevard Duclaux (dossier IA63002860). La figuration, en coupe, de la silhouette masculine dans l'ascenseur souligne peut-être le caractère encore novateur de cet équipement en 1937. Le standing des appartements est soutenu par la présence d'une salle de bain et par le couple encore nettement distingué de la salle à manger et du salon, ainsi que par la présence d'une loge de concierge au sous-sol.

  • Murs
    • crépi
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    4 étages carrés, 1 étage de comble
  • Couvrements
    • dalle de béton
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours suspendu
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Techniques
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Immeuble inscrit sur la liste des éléments identifiés au titre de patrimoine du PLUI Clermont-Auvergne-Métropole, juin 2024

Documents d'archives

  • AC Clermont-Ferrand, 2074 W 138, lotissement Rouganne, 1934

    AC Clermont-Ferrand : 2074 W 138
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1618 23A, demande d'alignement, immeuble, 11 boulevard Duclaux, 1936

    AC Clermont-Ferrand : O216 1618 23A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°45 24A, demande d'alignement, immeuble, 24 boulevard Jean-Jaurès, 1936

    AC Clermont-Ferrand : O216 45 24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n° 420-24A, demande d'alignement maison 110 boulevard Lavoisier, 1937

    AC Clermont-Ferrand : O216 420-24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°601 24A, demande d'alignement, immeuble, 29 boulevard Cote-Blatin, 1937

    AC Clermont-Ferrand : O216 601 24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, 872 24A, demande d'alignement, maison, 4 rue Philippe-Glangeaud, 1937

    AC Clermont-Ferrand : O216 872 24A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, 86 25A, demande d'alignement, immeuble, 6 rue Philippe-Glangeaud, 1938

    AC Clermont-Ferrand : O216 86 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°554 25A, demande d'alignement maison 1 boulevard Cote-Blatin, 1939

    AC Clermont-Ferrand : O216 554 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°807 25A, demande d'alignement, immeuble, 64 boulevard Jean-Jaurès, 1939

    AC Clermont-Ferrand : O216 807 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1746 25A, demande d'alignement, immeuble, 18 rue Philippe-Glangeaud, 1940

    AC Clermont-Ferrand : O216 1746 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1744 25A, demande d'alignement, immeuble, 38 rue Philippe-Glangeaud, 1941

    AC Clermont-Ferrand : O216 1744 25A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, n°1247 28A, demande d'alignement, maison, 30 rue Philippe-Glangeaud, 1950

    AC Clermont-Ferrand : O216 1247 28A
  • AC Clermont-Ferrand, série O216, PC 444, demande d'alignement, immeuble, 16 rue Philippe-Glangeaud, 1952

    AC Clermont-Ferrand : PC 444

Bibliographie

  • LAURENT, Christophe, PRANAL, Agnès. Valentin Vigneron, architecte clermontois du XXe siècle, Puy-de-Dôme (Itinéraires du Patrimoine ; 229). Lyon : Lieux Dits, 2000.

    Région Auvergne-Rhône-Alpes, SRI, site de Clermont : CDP COLL

Documents figurés

  • AC Clermont-Ferrand, série 1 O 471 à 1O 500, dossier n°1 O 478, Acquisitions, expropriations, dossiers individuels, 1906-1930. Acquisition Dubreuil, Mosmier, chemin vicinal ordinaire n°108, bd Cote-Batin. Plan annexé à l'extrait de délibération du conseil municipal du 29/12/1922. Tirage sur papier, échelle 0.002 p/m.

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 478
  • AC Clermont-Ferrand, boîte 1 O 222 à 1 O 225, dossier n°1 O 224, 1916-1928, boulevard sud (partie comprise entre le Pont de Naud et le boulevard Duclaux, expropriation des immeubles ou parties d'immeuble, droits de toutes natures et servitudes diverses), plan du calcul des surfaces. Crayons et impression papier, échelle 0.002 pm, mars 1926

    AC Clermont-Ferrand : 1 O 224
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
© Région Auvergne-Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
Fougère Félicie
Fougère Félicie

Conservatrice du patrimoine. Responsable de l'unité Ressources du Service Patrimoines et Inventaire général de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Articulation des dossiers