Grâce à l’essor de la spéculation et au développement de l’industrie de la soie au début du siècle, c’est une nouvelle ville qui s’élève sur le Plateau de la Croix-Rousse. Les tisseurs et leurs familles se déplacent sur le Plateau où les terrains vierges sont rapidement investis par des propriétaires privés qui y construisent de hauts immeubles destinés au travail alors que la ville de Lyon ne peut offrir d’aussi vastes terres disponibles et surtout prêtes à bâtir immédiatement. La création de ce nouveau type d’architecture va de paire avec une certaine logique d’urbanisation. Ce sont en effet une majorité de propriétaires privés qui ouvrent des rues et mettent en place des lotissements dans lesquels s'élèvent les immeubles-ateliers. L’activité de la soierie a profondément marqué la Croix-Rousse et son paysage architectural, si bien que le travail effectué dans les ateliers se lit encore sur les façades et dans les immeubles où habitat et production n’étaient pas séparés.
Le Plateau de la Croix-Rousse et notamment le secteur oriental connaît une urbanisation spontanée dès le début du XIXe siècle qui s’exprime par le passage d’une Croix-Rousse agricole à une Croix-Rousse laborieuse. Les terrains les plus à l’est sont les premiers à être percés et bâtis tandis que le secteur occidental conserve son caractère rural des siècles précédents. Le centre du Plateau regroupe quant à lui des terrains agricoles où jardiniers et viticulteurs prospèrent tout au long de l’époque moderne jusqu’au deuxième quart du XIXe siècle. Une description du Plateau donnée en 1826 lors d’une réunion du Conseil Municipal de la Croix-Rousse offre une image précise du territoire en pleine urbanisation, et des changements qui s’y opèrent : « depuis onze ans environ, la commune de la Croix-Rousse autrefois peuplée de cultivateurs et de quelques artisans, distribuée pour des jardins et des maisons de plaisance la plupart occupées durant la belle saison seulement par les habitants aisés d’une grande ville voisine, a vu s’élever au milieu d’elle de vastes bâtiments où accouraient aussitôt une nombreuse population d’ouvriers en soie des fabriques de Lyon, jusqu’à présent les constructions n’ont pas été achevées, qu’on y ait au même instant aperçu des habitants empressés de s’y loger. Le fâcheux état du commerce semble avoir cette année ralenti cet empressement mais n’a point empêché l’accroissement de la population reconnue à plus d’un indice. Plusieurs quartiers distribués par de nouvelles rues se sont formés sur un sol où venaient d’être cultivés des arbres et des fleurs. A ce changement la propriété de quelques uns a perdu en agrément, toutes ont gagné en valeur »1.
I. Le Plateau de la Croix-Rousse à la fin du XVIIIe siècle
La Croix-Rousse « ne fut pendant de longs siècles qu’un plateau de champs cultivés aux molles ondulations dont les bords dévalaient sur trois côtés par des pentes raides, au midi vers la ville de Lyon, à l’est et à l’ouest vers le Rhône et la Saône »2. A l’aube du XIXe siècle, le centre du Plateau est occupé par des jardiniers, l’est et l’ouest par des vignes et des terres cultivées, tandis que les quais du Rhône et de la Saône s’aménagent progressivement comme le présente le plan de 1799 dressé par Villionne3. Seules quelques auberges, hôtelleries et propriétés bourgeoises constituent le bâti du Plateau. Les constructions se regroupent principalement autour de la Grande-Rue de la Croix-Rousse dans un parcellaire très serré. La Grande-Rue est une voie de communication entre Lyon et les régions voisines et il y a donc beaucoup de commerce et d’artisanat liés à la clientèle de passage (auberge, maréchaux-ferrants…). C’est aussi la seule rue commerçante du Plateau à cette époque. Au-delà, les propriétaires n’ont pas divisé et vendu leurs terres pour les faire bâtir, bien qu’ils aient certainement pu les vendre comme l’ont fait leurs voisins. L’espace entre la Grande-Rue de la Croix-Rousse et le Chemin du Chapeau-Rouge correspond pendant l’époque moderne au territoire de Pierrebrune4. C’est un grand territoire de cultures où peu de constructions sont présentes du XIVe siècle à la fin du XVIIIe siècle hormis la première hôtellerie du Plateau : l’hôtellerie du Chariot d’or attestée dès 1493 et située à l’angle de la Grande-Rue et de la future rue du Chariot d’or. Au XIVe siècle, seulement quatre propriétaires se partagent le territoire qui est alors une grande terre de cultures de froment et de seigle. Vers la fin du XVe siècle, la famille Paquelet constitue un grand domaine5. En 1550, quelques maisons bordent la rue au nord du Chariot d’or. Le morcellement de la propriété commence vers 1555 lorsque Marie du Peyrat, veuve de Pierre Paquelet, vend les terres qui lui sont échues en partage à la mort de son mari. Les constructions sont de plus en plus nombreuses au nord du territoire, au sud de la rue Janin actuelle. Au XVIIe siècle, le territoire a l’aspect qu’il conserve jusqu’à la Révolution : « des remparts jusqu’au Chariot d’or pas de maison ; la campagne commence immédiatement après la porte, édifiée dans le flanc de la demi-lune, et le glacis ; sur la grande basse (près de trente) pressées les unes sur les autres, dont beaucoup ont subsisté jusqu’à nos jours, aux enseignes quelquefois pittoresques, habitées par de petits commerçants ; derrière le rideau de maisons, à trente mètres seulement de la rue ; trois grandes propriétés ayant leur entrée sur le chemin des Gloriettes »6. A la fin du XVIIIe siècle, le territoire de Pierrebrune est divisé en quatre grandes propriétés et une vingtaine de constructions longent la Grande-Rue.
Le Plateau demeure ainsi très rural jusqu’aux années 1810 et l’urbanisation qui se profile va être très inégale. Dès 1808, l’est de la Grande-Rue de la Croix-Rousse devient le centre d’intérêt des particuliers et des lotissements sont créés pour répondre aux besoins qu’exprime le renouveau de l’industrie de la soie à Lyon. Contre tout attente, le secteur connaît une métamorphose rapide grâce à un nombre restreint de particuliers qui savent tirer profit des avantages de la Croix-Rousse et de l’activité économique de la ville de Lyon. Ce phénomène n’est pas propre au Plateau puisque les Pentes de la Croix-Rousse appartenant à la ville de Lyon s’urbanisent elles aussi spontanément et accueillent de nouveaux immeubles destinés au travail durant la même période. Plusieurs facteurs donnent « à la colline un rôle économique privilégié » et en font « un pôle attractif. Certains tiennent aux conditions naturelles revalorisées, d’autres aux modifications récentes liées au bouleversement foncier né de la Révolution, d’autres encore à la résurrection économique de la soierie après une période de troubles »7. Le Plateau de la Croix-Rousse offre un terrain plat, ne présente aucun problème d’aménagement de prime abord et l’air y est plus sain. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, la ville de Lyon engage des opérations d’extension pour sortir du cœur historique de la ville qui "étouffe". Notamment sur la rive gauche du Rhône, mais le secteur n’est pas encore constructible en ce début du siècle en raison des contraintes liées au fleuve Rhône et aux risques récurrents d’inondation qui retardent les travaux. Il faut attendre la mise en place de digues. Du côté du confluent, la compagnie Perrache connaît elle aussi des problèmes et l’ouest de Bellecour est quant à lui trop éloigné du quartier des Terreaux qui regroupe les marchands fabricants et bientôt la Condition des Soies. Il est donc plus logique de s’installer près du centre des affaires. Face à ces contraintes et à grâce à sa géographie, le Plateau est le lieu adéquat pour une extension de la ville. Le renouveau de la soierie débute dès le début du XIXe siècle et dure jusqu’aux années 1860 environ. « Au début du XIXe siècle, la soierie opèrera un prompt rétablissement dont les effets bénéfiques se feront sentir à Lyon pendant plus d’un demi siècle »8. Les soieries réalisées à Lyon recouvrent le marché français, s’exportent à l’étranger et le nombre de métiers augmente. Le renouveau de la soierie lyonnaise est due à plusieurs facteurs. Un plan est mis en place pour reconquérir les marchés et redorer l’image lyonnaise. En 1801, on interdit l’exportation et l’importation de tissus. Napoléon Bonaparte joue un rôle important en imposant le port de soieries à son entourage, « à certains hauts fonctionnaires et aux cours des pays conquis »9 et demande l’utilisation des soieries pour le mobilier national. Il développe au sein des cours européennes une mode et un goût pour la Fabrique lyonnaise. En parallèle, de nouvelles techniques apparaissent et assurent le bon rétablissement de la soierie. Joseph Marie Jacquard (1752-1834) perfectionna le tissage au début du XIXe siècle en remplaçant le tireur de lacs par une mécanique qui sélectionnait elle-même les fils d’arcades pour soulever les fils de chaîne. En 1840, Louis-René Villermé écrit qu' « On doit encore à Jacquart une heureuse modification apportée à l’habitation des ouvriers : la hauteur de son métier force les propriétaires et constructeurs de maisons, d’espacer beaucoup les planchers, et par conséquent de donner abondamment de l’air et de la lumière dans l’intérieur des logements » (Villermé Louis-René, Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, 1840, p. 370).
II. Une urbanisation rapide à l’est du Plateau au cours de la première moitié du XIXe siècle
Secteur 1 - 2013 : entre la rue Dumenge, la rue du Mail, la rue Pailleron et la rue de Belfort
Le renouveau de la soierie engendre « une forte demande locative »10 et en quelques décennies, l’ancien territoire de Pierrebrune est complètement urbanisé. Quelques propriétaires privés se partagent les terres et engagent tour à tour des percements de rues et vendent leurs terrains afin qu’ils soient bâtis. Entre la Grande-Rue de la Croix-Rousse et le chemin du Chapeau Rouge se met en place un quadrillage plus ou moins régulier formé de rues perpendiculaires aux deux voies ouest et est. Du sud au nord, quatre propriétaires se partagent le territoire : Dumenge, Perrin, Gigodot et Pailleron. Entre 1812 et 1842, ils donnent au quartier une physionomie encore visible aujourd’hui. Dans le cadre d’un lotissement, le propriétaire se réserve en général une parcelle pour lui. Les autres sont vendues une à une avant ou après le percement des rues et en fonction de la demande. Le lotisseur vend à des particuliers, parfois regroupés en association. Les parcelles créées au début du XIXe siècle sont juxtaposées les unes à côté des autres, perpendiculaires à la rue et généralement plus longues que larges. Elles sont différentes des parcelles en lanière de l’époque moderne que l’on peut rencontrer sur la Grande-Rue de la Croix-Rousse.
1. Le clos Dumenge
C’est Pierre Gabriel Dumenge qui ouvre un premier lotissement dans le clos qu’il possède au sud du territoire. A la mort de sa mère en 1809, le propriétaire rentier Dumenge hérite de deux clos détenus avant la Révolution par Ange Bietrix, soyeux et syndic du commerce de Lyon. Le tènement appartient à la famille Dumenge depuis 1791 et n’est encore constitué que de vignes11. L’un est composé de bâtiments et de vignes (1.9 ha) entre le chemin du Chapeau-Rouge et la petite rue des Gloriettes. Il est cédé aux religieuses de la Visitation vers 1814. Celui qui est conservé comprend des vignes (2.32 ha) et est délimité à l’ouest par le début de la Grande-Rue, au nord par l’ancien lotissement d’Ysabeau Marlhet (1663-1670) et une propriété étendue et au sud par le chemin dit rue des Fossés bordant la demi-lune Saint-Sébastien12. Le terrain étant attenant à la place de la Croix-Rousse, le propriétaire ouvre le mur de son clos qui touche une boutasse sur la place13. La commune a toujours été propriétaire de cette eau en cas d'incendie mais avec le trou, la boutasse est désormais asséchée. Dumenge désire combler la marre et il demande alors l'autorisation d'ouvrir une porte charretière en face du chemin au devant des maisons bâties sur le fossé. Il demande également l’alignement de deux lots bordant la rue des Fossés et il ouvre un étroit passage (2 mètres de large, 40 mètres de long) longeant le mur nord du clos pour vendre les terrains situés en arrière des précédents et faciliter l’accès par la Grande-Rue : c’est la rue Barrée. La première opération lancée par Dumenge est le morcellement des terrains hérités et riverains de la Grande Rue en neuf parcelles d’une profondeur égale à celle de l’ancien lotissement septentrional. D’après les registres d’hypothèques et les transcriptions d’actes14, Dumenge vend des terrains et des bâtiments entre 1810 et 1827 à différents acheteurs. La majorité de ces acheteurs sont appelés fabricants et vivent à la Croix-Rousse ou à Lyon. Après la vente des terrains les plus à l’ouest, le propriétaire vend tous les terrains situés dans son clos et il fait construire deux maisons à chaque extrémité est et ouest de la future rue Dumenge qu’il loue. Il n’y vit certainement jamais puisqu’il possède une maison sur la place de la Croix-Rousse. En décembre 1812, il s’engage à ouvrir « pour rester à perpétuité du midi au nord, une rue de 6,85 m de large entre le terrain vendu et ceux qui lui restent à l'orient. Cette rue prendra sa naissance à l'angle méridional et oriental du grand bâtiment de M. Dumenge et se prolongera en droite ligne en bordant le terrain aliéné jusqu'au mur du clos de la dame Mermet et à partir de ce point, elle fera retour en suivant de l'orient à l'occident jusqu'à la grande rue du faubourg ; cette dernière partie depuis l'angle oriental et septentrional du terrain aliéné, n'aura qu'une largeur de 2,83 m. La Grande Rue au matin sera parallèle à la Grande Rue du faubourg et à celle du Chapeau-Rouge, elle ne pourra jamais être supprimée ni interceptée, il en sera de même du passage qui aboutira en droite ligne de cette rue, à celle du faubourg »15. La rue est large de 8,56 m, longue de 100 m et elle relie les deux passages ouverts plus tôt : c’est la rue du Mail. La volonté étant annoncée en décembre 1812, le percement du début de la rue peut être daté de l’année1813. En mars 1815, Dumenge propose de créer une rue qui aboutira au chemin du Chapeau Rouge et sera perpendiculaire à la rue du Mail16 déjà existante. Elle portera le nom de « rue Dumenge »17. En décembre de la même année, Dumenge vend le rez-de-chaussée d’une maison formant l’angle d’une rue projetée sous le nom de Grande Rue Dumenge avec une autre sous celui de Petite Rue Dumenge. Il semble être question des actuelles rue Dumenge et du Pavillon, la dernière étant plus étroite que la rue Dumenge. Dans un enregistrement du 13 juillet 1816, nous apprenons que « le sieur Dumenge se propose d’ouvrir une rue qui tendra de la Grande-Rue Dumenge à celle des Boulevards, il demeure convenu entre les parties qu’il fera tiré d’ici au trente du courant au plus tard, une ligne directe et d’équerre, à partir de l’angle du côté du midi et la partie de terrain présentement vendue pour aboutir à la Grande-Rue Dumenge ».18 Il est probable qu’il s’agisse de l’actuelle rue du Pavillon. Le premier percement perpendiculaire à la Grande-Rue, la rue Dumenge, a une longueur de 13 mètres et une largeur de 10 mètres. La rue du Pavillon est plus étroite : 6 mètres. Les rues ouvertes se raccordant à la voie publique deviennent propriété communale et en 1817, un arrêté municipal prévoit que « toutes les rues ouvertes dans une commune appartenant de ce seul fait à la voirie, l’administration seule a le droit de les dénommer »19. Mais Dumenge proteste et il demande l’autorisation de donner son nom à la « plus belle des rues ouvertes ». Il a gain de cause à condition que la rue ait 10 mètres de large, d’où le contraste avec sa longueur. Le 4 juillet 1817, Dumenge adresse une lettre au maire où il explique qu’il a fait ouvrir trois rues dans sa propriété et que les constructions commencent à être nombreuses. Il est donc indispensable pour faciliter les habitants d’y faire inscrire les noms qu’il a donnés sur les contrats de vente. La première a été appelée « rue Alphonse » du nom de son fils, la grande « Dumenge » (dont le nom ne peut être discuté, puisqu’il est le propriétaire et le fondateur des maisons qui commencent les deux extrémités) et la troisième, il désirerait l’appeler Dugas, nom « qui honore notre commune par votre [le Maire] mérite et qui laisserait à notre mémoire le souvenir des bienfaits que votre sage administration nous prouve »20. Quelques jours plus tard, il fait poser des plaques sans autorisation et renvoi une lettre le 27 juillet 1817 où il demande qu’on donne son nom à une rue car il a embelli la ville et offert des terrains. Le préfet accepte et les rues ouvertes par Dumenge sont appelées rue du Mail, rue Dumenge, rue du Pavillon et rue Barrée21. En 1840 Dard et Paris, les propriétaires des terrains situés à l’est de la rue du Chapeau Rouge, poursuivent obliquement la rue Dumenge avec 9 mètres de large jusqu’à l’intersection avec la rue Célu, elle-même prolongée. Les religieuses de la Visitation et du Saint-Sacrement empêchent pendant longtemps le prolongement de certaines rues à l’est de la rue du Chapeau-Rouge. Seule la rue Dumenge est prolongée, mais sans suivre les indications du voyer22. Ce dernier voulait que la rue Dumenge soit prolongée en suivant le même axe jusqu’à la petite rue des Gloriettes avec une largeur de 10 mètres. Mais cela ferait perdre au moins trois parcelles constructibles aux propriétaires. À la vue des contraintes de l’architecte voyer, Dard et Paris décident d’abandonner leur projet et de destiner leurs terrains à tout autre chose. La municipalité cède et accepte le prolongement oblique de la rue Dumenge plutôt qu’une rue Dumenge se terminant à la rue du Chapeau Rouge.
2. Le clos Perrin dit du Chariot d’or
Suite au succès de son voisin, François Perrin décide lui aussi d’ouvrir des rues dans son clos. Avec l’aide de l’architecte en chef Chenavard, il propose un projet pour son clos. L’architecte dresse en 1825 un plan d’ouverture qui est rapidement adopté par le conseil municipal et le préfet. Le clos se situe au nord du clos Dumenge là où se situait l’auberge du Chariot d’or durant l’époque moderne. « Comme les deux clos voisins qui l’encadrent, il a traversé la période précitée et la Révolution sans dommage »23. Ce clos a été divisé en 1812 par les deux héritières Vernier et la dernière légataire a vendu son bien à Perrin en 1824. Le propriétaire décide alors de prolonger la rue du Mail ouverte en 1813 par Dumenge et lui donne 10 mètres de large, elle est donc actuellement toujours plus étroite en son début. Le mur séparant les deux clos est démoli et remplacé par une rue est-ouest reliant la rue du Chapeau Rouge à la rue Barrée : c’est la rue Henri IV24. Il perce également la rue du Chariot d’or qui relie la rue du Chapeau Rouge au passage de la maison de la Fleur de lis. Une troisième rue, rue de la Visitation25, parallèle aux deux autres est ouverte au nord mais s’arrête à la rue du Mail26. Les percements peuvent être datés d’entre 1825 et 1829. En 1829, dans une correspondance, nous apprenons que Perrin « conçut le dessein de former un quartier neuf, au moyen de l’ouverture de rues aboutissant à celle du Chapeau
Rouge […] les rues ont été ouvertes, des parcelles de terrain ont été vendues et revendues à plusieurs entrepreneurs, et des constructions établies »27. Il demande d’ailleurs une indemnité pour les constructions qui se sont construites sur les terrains qu’il a vendus. En effet, dans une lettre du secrétaire général sous préfet au maire de la Croix-Rousse le 29 juin 1829, on apprend que Perrin a élevé plusieurs constructions en 1824 et 182528. En 1829, les rues sont percées mais des demandes d’alignements de 1826, 1827 et 1828 nous apprennent que la rue du Chariot d’or n’existe pas encore. Un plan du clos en 1829 présente les rues projetées et non percées. Ainsi, il est difficile de dater précisément les percements même s’il est vraisemblablement certain que les trois rues étaient percées à la fin de l’année 182929. Toutes les rues de Perrin font 10 mètres de large. En 1829, le conseil municipal interdit toute construction en face du couvent de la Visitation situé à l’est de la rue du Chapeau Rouge et on créé une place (Visitation, puis Belfort et actuellement Bertone) face au cloître. Il s’agit de la « seule place digne de ce nom réalisée dans l’est croix-roussien durant cette période »30 et la seule du secteur dont il est question. Les prolongements des rues du Chariot d’or et Henri IV sont réalisés en 1845 bien que les projets soient adoptés en 1840 et 1841. Il faut attendre quelques années pour acquérir les terrains et les maisons situés sur les prolongements31. La rue de la Visitation n’est pas prolongée car la municipalité considère qu’il y a déjà assez de rues reliant la Grande-Rue et la rue du Chapeau-Rouge. Une construction est donc autorisée sur le prolongement non réalisé.
3. Le clos Pailleron
En 1835, le propriétaire Pailleron dépose un plan d’ouverture dans sa propriété au nord du clos Perrin. Son plan suit deux axes orthogonaux : « l’un méridien poursuivant la rue du Mail (10 m de large) jusqu’à son intersection avec l’autre, à établir entre la rue du Chapeau Rouge à l’est, et la rue Saint-Denis à l’ouest de la Grande-Rue »32. Pour la rue est-ouest, il propose10 m mais la municipalité demande 8,56 m car la maison Laforêt empiète sur l’extrémité ouest de la future rue Pailleron. On évite donc l’expropriation forcée. Toutefois Pailleron offre 2000 F pour la maison et les propriétaires des immeubles de la rue Pailleron offrent 9000 F mais la municipalité refuse de financer le reste, préférant s’occuper du raccordement de la rue du Chariot d’or à la Grande-Rue « où l’intérêt du conseiller Peysselon est en jeu »33 puisque le prolongement traverse ses terrains. Le 18 octobre 1837, les mariés Guillaume Pailleron et Marie-Anne Rimbourg offrent deux rues. L’une des deux forme le prolongement direct de la rue du Mail (10 mètres de large) et l’autre forme le prolongement en ligne directe de la rue Saint-Denis depuis la Grande-Rue jusqu’à la rue du Chapeau Rouge (10 mètres de large)34. Le projet est visible sur le plan général de 1835. Comme ses deux prédécesseurs, Pailleron morcelle ses terres et vend les terrains à bâtir progressivement. La rue Pailleron est prolongée à l’est de la rue du Chapeau Rouge en 1889, en même temps qu’est créée la place du commandant Arnaud au devant du groupe scolaire construite quelques années auparavant. La place permet de mettre en valeur la façade de l’école et la municipalité décide de profiter de ces travaux pour prolonger la rue Pailleron.
4. Le clos Gigodot
Le dernier propriétaire à engager une ouverture de rue est René Gigodot. En janvier 1842 le propriétaire rentier, domicilié au n°5 rue du Chariot d’or, propose à la municipalité croix-roussienne d’ouvrir une impasse de 13,60 m de large sur un terrain qu’il possède le long de la rue du Chapeau Rouge entre la place de la Visitation et le passage Lamure. Il s’agit d’une transversale parallèle à la rue de la Visitation et située 50 mètres au nord35. Il projette par ailleurs de faire don à la ville d’une partie du terrain et d’une parcelle de deux mètres de largeur le long de la propriété voisine appartenant à Lamure36. Les constructions qu’il projette feront 17,50 m de hauteur. Parallèlement, le propriétaire voisin obtient l’alignement pour un immeuble sur le tracé projeté par Gigodot et l’impasse ne pourra ainsi faire que 30 mètres de long. A cette date, aucun propriétaire ne peut créer de nouveau quartier ou ouvrir des rues dans un clos situé dans la ville sans autorisation. Gigodot doit donc attendre l’avis positif de la municipalité. Seulement, la création d’une impasse ne présente aucun avantage pour la commune et le conseil décide de rejeter le projet. Gigodot doit donc déposer une demande d’alignement sur la rue du Chapeau Rouge pour élever les constructions qu’il souhaite. Le 1er février, dans un rapport adressé au maire de la Croix-Rousse, Gigodot présente un plan de l’impasse avec les constructions projetées37. A cette date, Gigodot a déjà fait élever le bâtiment central. Le plan présente deux corps de bâtiments doubles séparés entre eux par une impasse de 13,60
mètres de large sur 34 mètres de profondeur. L’impasse se termine par la maison qu’a fait construire Gigodot et qui forme avec les deux bâtiments à créer un aspect régulier. L’alignement qu’il doit suivre est une ligne droite partant de l’angle nord est de la place de la Visitation et aboutissant à l’angle sud est de la rue Pailleron. Pour l’intérieur du clos et donc l’impasse, Gigodot doit suivre un nivellement en pente jusqu’au niveau de la rue du Chapeau Rouge. L’immeuble fermant l’impasse est décrit comme « une maison semblable à toutes celles qui se bâtissent à la Croix-Rousse, c’est-à-dire pour la louer à des ouvriers en soie et l’on sait que dans tous les ateliers de ces ouvriers, il faut avant tout de beaux jours »38. En 1843, Gigodot offre comme prévu de céder gratuitement à la commune une partie de son terrain pour l’élargissement de la rue du Chapeau Rouge que la municipalité souhaite élargir à 10 mètres. Dans un rapport des experts François-Régis Bourdet et Joseph Forest, il est expliqué que l’élargissement de la rue du Chapeau Rouge se fait presque entièrement sur le côté ouest de la rue et donc sur les terrains de Gigodot. De ce fait, le propriétaire a été obligé
de sacrifier une partie de son terrain en faveur de la voie publique. Mais selon le deuxième expert, « il est bien certain que le sieur Gigodot en se reculant en a procuré de beaux [jours] à sa maison et qu’il lui a ainsi donné une plus value considérable dont une partie doit être déduite de la valeur du terrain »39. L’espace de 59,14 m² cédé à la ville pour l’élargissement fait 9,65 m de profondeur et 16,66 m de large. L’indemnité due au propriétaire est estimée à 798,39 francs. Le rapport a été approuvé le 28 mars 1843 par le conseil municipal et la session enregistrée le 21 juillet 184340. Les immeubles d’angle de l’impasse sont, d’après les matrices cadastrales, construits entre 1844 et 184641.
5. Clos de la Visitation/Prolongements
En 1856 est présenté un projet d’ouverture de rues dans le clos de la Visitation. Le quartier doit être traversé dans toute sa longueur par la rue Dumont d’Urville avec une largeur de 21 mètres. Le 20 août 185642, la préfecture présente un plan d’alignement de la partie comprise entre la rue du Sentier, la rue des Gloriettes, la rue du Chapeau Rouge et la petite rue des Gloriettes. Il s’agit d’un clos avoisinant les quartiers habités et il est nécessaire de préparer un plan d’ensemble complètement étudié pour « assurer le développement de la ville dans des conditions de salubrité et d’architecture convenables ». On renonce à conserver les jardins, car la spéculation est trop forte, bien qu’« il eut été sans doute désirable que cette partie de terrain lyonnais restât ce qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire couverte de jardins et de verdure : l’ouest serait plus satisfait et l’hygiène publique en retirerait aussi plus d’avantages, mais il n’est pas en notre pouvoir d’enchaîner la spéculation ». Le tracé des rues projetées a été fait en vue de satisfaire les besoins d’air et de lumière que réclame la fabrique lyonnaise « à laquelle ces quartiers sont destinés »43. La superficie de toutes les rues à ouvrir sur le clos est cédée gratuitement à la ville et des pentes suffisantes sont données pour assurer un bon écoulement des eaux. Mais le nivellement de la petite rue des Gloriettes n’a pas pu être maintenu car elle n’est pas carrossable partout « ce qui la range dans la catégorie des impasses ». Au début de l’année 1857, les dames de la Visitation cèdent gratuitement des terrains à la ville pour l’ouverture de plusieurs rues par les propriétaires Favre et Escot44. Ils s’engagent à ouvrir immédiatement les rues projetées sur le clos de la Visitation conformément au plan d’alignement dressé et à livrer gratuitement à la ville de Lyon les terrains nécessaires pour la réalisation de l’ouverture des nouvelles rues et la rectification de celles existantes. La ville a quant à elle accepté de faire paver et éclairer les rues dès qu’elles seront couvertes de constructions sur les deux tiers du parcours et de prendre l’entretien à sa charge. Mais le 21 février 1862, les dames de la Visitation n’ont pas tenu l’accord de bâtir les deux tiers des terrains. Elles ne peuvent donc pas exiger par la ville le pavement et l’éclairage des rues. Le nouveau quartier est à cette date entièrement habité par des ouvriers et la circulation y est difficile. Les rues Henri IV, du Chariot d’or et de la Visitation sont prolongées en 1857. La rue Gigodot est prolongée entre 1857 et 1862 car il faut d’abord acquérir une maison avant de terminer le prolongement45.
III. Une architecture fonctionnelle
La particularité des immeubles-ateliers de la Croix-Rousse est que l’habitat et le travail sont réunis en un même espace. Ainsi, la Fabrique s’organise en de multiples lieux de production et non pas en une seule usine et un seul lieu de travail séparé et/ou éloigné du lieu d’habitation. C’est pourquoi les bâtiments construits peuvent être qualifiés d’immeubles-ateliers car ils sont à la fois des immeubles à logements et des immeubles de travail divisés en ateliers. La composition architecturale des premiers immeubles construits sur le Plateau à l’est de la Grande-Rue est régulière. Il s’agit d’une architecture qui doit répondre à certains critères et contraintes. Ce sont en majorité des fabricants qui ont acheté les terrains et fait construire les immeubles pour installer des ateliers. Il n’est donc pas jugé nécessaire d’orner les façades ou d’y installer des balcons puisque la première fonction est celle du travail. Ce n’est d’autre part pas une population bourgeoise et aisée qui s’installe dans ces nouveaux quartiers et qui cherche à montrer son statut à travers l’ornementation des façades. L’architecture est contrainte par l’économie et les commanditaires doivent choisir des matériaux avantageux et répondre à des exigences qui laissent peu de place à l’inventivité et à la liberté. Mais de petites constructions sont aussi réalisées et peuvent faire l’objet de plus de traitement en façade. Avant cette période, Louis-René Villermé fait l'état des habitations des tisseurs et explique qu'ils vivaient dans les maisons les moins commodes et les moins belles de Lyon « tels que les rues en pente qui conduisent à la Croix-Rousse, et le quartier Saint-Georges, qui occupe, sur la rive droite de la Saône, une portion au versant escarpé de la montagne de Fourvière. Les impasses y sont nombreuses, obscures, irrégulières, d’un aspect misérable et souvent traversées par des escaliers qui conduisent de l’une à l’autre. Les maisons n’y ont que des étages trop bas, et d’une saleté repoussante. Aussi les loyers sont-ils là moins chers que dans le reste de la ville, et les habitants y passent pour très pauvres. Mais dans les deux faubourgs de la Croix-Rousse et les Broteaux, on observe le contraire. On y a construit pour les ouvriers des maisons très hautes, dans de larges rues, où ils jouissent généralement d’assez d’espace et d’un beau jour » (Villermé Louis-René, Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, 1840, p. 361).
1. La pierre, un matériau solide et économique
Construire en hauteur permet aux entrepreneurs de valoriser leurs terrains en superposant les logements-ateliers. Il faut donc un matériau solide et on décide de construire en maçonnerie. La pierre permet de réaliser de solides et hauts immeubles, ce que ne permet pas le pisé. Par ailleurs, l’utilisation du pisé est interdite depuis 1817 sur le Plateau de la Croix-Rousse car « les bâtiments neufs doivent être en bons matériaux et bonne maçonnerie afin de lutter contre les incendies et permettre de grandes hauteurs »46. Avec le règlement de 1841, le pisé est totalement interdit47. Toutefois, il continue parfois à être utilisé à l’intérieur pour les derniers niveaux ou pour les façades sur cour. Tout au long du XIXe siècle, les carrières de pierre se développent industriellement et le chemin de fer permet l’approvisionnement de nouvelles pierres. La pierre devient le matériau idéal pour construire solidement avec économie. Les soubassements sont en pierre de taille, souvent en pierre de Villebois, d’une nuance allant du gris au blanc. Cela permet aussi bien les grandes ouvertures pour les boutiques qu’une assise solide. Les murs supérieurs sont généralement réalisés en moellons de pierre de Couzon et recouverts d’enduit. La mise à nue des façades permet d’observer le système de construction à lancis et crossettes largement répandu à cette époque. Il est notamment visible au n°12 rue Dumenge où les trois premiers étages n’ont plus d’enduit. Vers 1894, Clair Tisseur définit le système et la crosse ainsi : « pierre de taille, mince et longue, posée debout et alternant avec des pierres posées sur plat, qu’on nomme lancis, pour former le jambage d’une baie. »48 A l’intérieur, les escaliers sont réalisés en pierre de taille de Villebois et de Saint-Fortunat. Grâce à la première, on peut obtenir de gros blocs permettant de réaliser les paliers et les repos d’un seul tenant49, tandis que la pierre de Saint-Fortunat sert aux volées d’escalier. Il s’agit d’un calcaire dur et gris à gryphées. Très résistant, il peut aussi servir pour les soubassements et les linteaux. L’escalier de l’immeuble n°29 impasse Gigodot présente un bel exemple de palier avec énormément de gryphées.
2. L’organisation des façades
Les façades des immeubles-ateliers sont régulièrement percées de hautes baies rectangulaires séparées de minces trumeaux sans décor. Les baies sont généralement les mêmes à chaque étage, ce qui créé une homogénéité. Aujourd’hui, ces façades autoritaires sont le témoin de l’activité tenue derrière les fenêtres car les ouvertures répondent à la nécessité de recevoir le meilleur éclairage pour le travail de la soie. Il n’y a pas de hiérarchie visible en façade, mais les ouvertures et les appuis de fenêtre ou les bandeaux saillants créent un rythme. L’architecture est donc sobre mais le tout est harmonieux et créé une unité. La façade s’organise selon un rythme ternaire habituel : rez-de-chaussée, étages et toiture. « Le rez-de-chaussée, parfois étoffé par un entresol, se distingue des étages courants par ses ouvertures, mais souvent aussi par le traitement du mur »50. Au sein des immeubles-ateliers, seul le rez-de-chaussée reçoit parfois un traitement particulier. L’entresol est rare et « s’il existe, il demeure l’habitat du commerçant de la boutique qu’il surplombe, et se trouve lié architecturalement à cette dernière comme pour traduire le lien fonctionnel qui unit ces deux niveaux de la maison »51. Dès le premier niveau, on ne dissocie pas logement et travail. L’homogénéité de la façade se joue dès le rez-de-chaussée où les travées dictent l’emplacement des ouvertures des étages. Les rez-de-chaussée sont de plain-pied par rapport au niveau de la rue et composés d’arcades ou de travées rectangulaires surmontées de linteaux en pierre de taille. Les verticales sont fortement marquées dans cette architecture, contrairement aux horizontales qui n’existent que par le biais de bandeaux horizontaux séparant le rez-de-chaussée des étages. Peu d’immeubles ont des limites marquées à chaque niveau. Ce choix de composition sobre et pauvre en ornements est volontaire à cette époque et constitue un goût esthétique et un modèle à suivre pour l’édification d’immeubles industriels. Nombre d’immeubles sont construits d’après ce vocabulaire et démontrent cette tendance pour la réduction du décor. La conception de la rue elle-même tend vers l’unité et la régularité. Les nouvelles rues sont percées perpendiculairement aux voies anciennes et parallèles les unes aux autres. Elles sont droites et présentent normalement la même largeur sur toute leur longueur. Les immeubles sont alignés le long des voies et les façades se répondent en symétrie de chaque côté de la rue. Les bâtiments s’élèvent rapidement et il faut répondre à l’accroissement de la population. Ainsi, c’est l’ordre qui l’emporte et apparaissent des rues bordées de façades quasi identiques et alignées. « Cette systématisation dans la taille des matériaux, dans les proportions des pleins et des vides, ajoutée à la parcimonie décorative, confère aux façades de ces immeubles canuts l'appellation de cartons Jacquard »52.
3. L’accès et la distribution
L´accès aux immeubles se fait depuis la rue par une porte latérale ou centrée si l’immeuble compte beaucoup de travées. Il s’agit en majorité de portes piétonnes puisque les parcelles sont trop petites pour avoir de larges cours et des écuries. La population bourgeoise ne vit pas dans ces quartiers et il n’est pas utile de créer des accès pour les voitures et les chevaux. Les exemples de portes cochères servent certainement à la desserte d’entrepôts ou remises. La largeur est également importante pour faire passer les métiers à tisser et leurs mécaniques afin de les installer dans les ateliers. Une certaine largeur est aussi nécessaire pour faire circuler le matériel et les productions. Les portes cochères se rencontrent sur des immeubles larges et hauts et elles sont parfois l’accès principal de plusieurs immeubles mitoyens. C’est notamment le cas au n°4 rue Dumenge. La porte et l’escalier sont communs à trois immeubles : les n°4 et n°6 rue Dumenge et le n°9 rue du Pavillon. Elles ne sont pas nécessairement plus ouvragées, elles se distinguent tout simplement par leurs dimensions. Les portes piétonnes sont simples, rectangulaires et généralement surmontées d’une imposte parfois cintrée mais la plupart du temps rectangulaire et ajourée pour éclairer l’allée de l’immeuble. Elles ne disposent pas d’encadrement ouvragé ni de couronnement travaillé. Les portes se fondent dans les façades lisses et sobres sans apporter aucune information sur la fonction de l’immeuble et les activités qui s’y tiennent au-dedans. Une allée mène à l’escalier généralement perpendiculaire à la rue et à une cour à l’arrière du bâtiment. Parfois, d’autres immeubles ou petites maisons sont desservis par la cour et situés au fond de la parcelle. Les allées n’ont d’autre rôle que celui de passage et ne sont donc ornées d’aucun décor. Elles desservent la plupart du temps des appartements ou des commerces par des portes latérales avant de mener à l’escalier. Elles sont généralement droites et longues et seulement éclairées par l’imposte et la cour qui peut exister à son extrémité. Dans certains cas, l’escalier se trouve directement derrière la porte d’entrée. Les escaliers des immeubles construits dans le premier quart du XIXe siècle à la Croix-Rousse sont de trois formes : à mur noyau, à mur noyau ajouré et à jour central.
Sauf de rares exceptions, il s’agit toujours d’escaliers rampe sur rampe à deux volées droites et palier de repos. Dans la rue Dumenge (entre la rue Belfort et la rue du Mail), les escaliers sont tous à mur noyau plein ou à mur noyau ajouré. A l’inverse, les immeubles construits trente ans plus tard dans l’impasse Gigodot sont tous à vide central. Cela est une question de mode. Le mur noyau « était extrêmement fréquent au XVIIème et au XVIIIème siècle. Ce système est considéré comme démodé dans la seconde partie du XIXème siècle »53. Par ailleurs, les murs noyaux pleins assombrissent énormément les cages d’escalier. Des baies, en façade sur cour la plupart du temps, apportent de la lumière, mais ils sont beaucoup moins aérés que les escaliers à mur noyau ajouré ou à jour central. Ceux à mur noyau ajouré se développent de la même manière que les premiers mais sont ajourés pour apporter plus de lumière aux escaliers. Souvent, le vide est sécurisé par une main courante en ferronnerie ou en bois. Le jour central apporte plus d’éclairage aux escaliers. Il est de forme ovale ou carrée. Certains escaliers n’ont pas de palier intermédiaire et sont tournants sur la gauche ou la droite. Au n°4 rue Dumenge, tout comme la porte et l’allée, l’escalier est commun à trois immeubles et était donc emprunté par beaucoup de personnes. Cela peut expliquer la grande largeur peu commune des volées de l’escalier. Les emmarchements font près de deux mètres de large contrairement à ceux des escaliers construits au même moment qui en font presque moitié moins. Les espaces de vie et de travail ne sont pas réellement dissociés dans les ateliers. L’organisation « classique » dédie environ deux tiers de l’espace au travail puisqu’il faut installer plusieurs métiers et tout le matériel de préparation nécessaire. « Le dernier tiers est consacré à la partie habitation. Il est coupé en deux dans sa hauteur »54 par une soupente qui sert de couchage. Les métiers sont placés perpendiculairement à la façade devant chaque fenêtre et sont maintenus par les plafonds constitués de poutres et solives qui permettent d’éviter les vibrations. Dans un appartement du troisième étage au n°4 rue Dumenge, des encoches sont visibles sur une poutre du plafond. Cela peut confirmer la présence d’un métier et donc d’au moins un atelier de tissage dans l’immeuble. La grande hauteur sous plafond est nécessaire pour accueillir les nouveaux métiers à mécanique Jacquard. Un métier fait presque deux mètres de haut et la mécanique plus d’un mètre, il faut donc une hauteur sous plafond d’au moins quatre mètres. D'après le recensement de 1825, six fabricants sont recensés au n°1 rue Dumenge, sept au n°3, treize au n°5, quinze au n°7, quatorze au n°9, quinze au n°11, quatre au n°2, douze au n°4, vingt au n°8 (certainement l'immeuble n°10 actuel) et dix au n°10 rue Dumenge. En 1834, 109 fabricants sont recensés dans la rue Dumenge (Arch. Mun. Lyon 3 WP 027 1 à 061). Les immeubles n’accueillent pas que des tisseurs, ils accueillent aussi d’autres savoir-faire du travail de la soie et des activités commerciales. Par exemple, d’après le recensement de 1825 un boucher est présent au n°4 rue Dumenge et en 1844, le n°7 de la même rue accueille un boulanger55. Dans le faubourg de la Croix-Rousse, il y a en 1832 environ 10000 ouvriers sur 16000 habitants, contre environ 4000 à la Guillotière et un peu plus de 400 dans le faubourg de Vaise. En 1835, environ 38000 tisseurs (chefs d'ateliers et compagnons) sont présents. Il faut ajouter à ces chiffres les professions accessoires qui préparent la soie et construisent les métiers. Il y en a peut-être autant que de tisseurs (Villermé Louis-René, Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, 1840). Ainsi, les ouvriers en soie ne sont pas présents que sur le Plateau, on les retrouve dans les autres faubourgs et à Lyon sur les Pentes, mais c'est la Croix-Rousse qui compte le plus de tisseurs et d'exemples d'immeubles-ateliers. Dès la fin du XVIIIe siècle, c'est bien les ouvriers et les jardiniers qu'on dénombre en majorité dans les faubourgs. L'artisanat est moins présent qu'à Lyon. Maurice Garden écrit dans son ouvrage sur Lyon au XVIIIe siècle que « la grande Fabrique des étoffes de soie commence à dépasser les murs de la ville vers le nord et à atteindre le plateau de la Croix-Rousse où sont dénombrés 44 ouvriers en soie ou fabricants, 14 fabricants de bas et 10 gaziers. Il n’y a par contre aucune expansion vers l’est, et la rive gauche du Rhône n’entend encore battre aucun métier […] Le trait dominant des faubourgs n’est donc pas l’artisanat comme pour la ville, mais bien la prépondérance des ouvriers sans spécialisations et celle des travailleurs de la terre : plus de 60 % des habitants de la Guillotière, plus du tiers de ceux de la Croix-Rousse ».
Finalement, les différentes opérations d’ouverture de rues entre les rues Dumenge et Pailleron, Belfort et Grande-Rue de la Croix-Rousse s’étalent sur une trentaine d’années entre et se font progressivement du sud au nord. Toutefois, la régularité n’est pas totale puisqu’il n’y a pas de communication entre la rue Belfort et la Grande-Rue. La rue de la Visitation n’est pas prolongée au-delà de la rue du Mail et il n’y a pas d’autres rues avant la rue Pailleron. L’impasse Gigodot et le passage Lamure sont les seules ouvertures dans l’îlot. Toutefois, une traboule existait entre la rue du Mail et la Grande-Rue qui partageait en deux parties à peu près égales l’îlot séparant les deux rues. Cette traboule était accessible depuis le n°33 rue du Mail et le n°44 Grande-Rue de la Croix-Rousse. Elle est aujourd’hui bouchée et fermée au public. Les percements à l’est de la rue du Chapeau Rouge sont réalisés au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Il y a bien deux phases d’urbanisation très distinctes à l’est du Plateau. Elle a été très rapide à l’ouest de la rue du Chapeau Rouge. Les propriétaires ont pu ouvrir des rues et construire presque sans obstacles. La municipalité est très peu intervenue et il y a eu peu de problèmes d’acquisition de terrain. L’urbanisation est très cohérente dans cette partie du Plateau. Les propriétaires n’ont pas ouvert leurs rues sans se soucier des opérations de leurs voisins. Les rues se raccordent entre elles et il y a eu un souci de cohérence, malgré quelques irrégularités. Plus de problèmes ont été rencontrés dans les clos Perrot, Carron et Dubois au centre du Plateau quelques années plus tard où la trame est complètement éclatée. La rue du Mail a notamment été réalisée en trois temps puisqu’elle traversait trois clos différents et c’est aujourd’hui une rue parfaitement parallèle à la Grande-Rue bien qu’elle soit plus étroite au sud. Plus à l’est, les terrains appartenaient aussi à des propriétaires privés mais une grande partie était possédée par les Dames de la Visitation et il a fallu attendre l’acquisition des terrains pour prolonger les rues ouvertes au début du siècle.
En moins d’un demi siècle, un nouvel espace industriel s’est formé sur le Plateau de la Croix-Rousse. Les avantages géographiques, climatiques et économiques offerts par la commune indépendante ont été mis à profit par des propriétaires privés qui ont tour à tour percé de nouvelles rues et partagé leurs terres afin de les faire bâtir. Un réel engouement pour la Croix-Rousse est apparu. Une importante demande immobilière et l’accroissement de la population ont amené à l’essor d’un nouveau type d’architecture : les immeubles-ateliers. Des immeubles fonctionnels, haut et solides grâce à l’utilisation de la pierre sont construits et accueillent les nouveaux ateliers de tissage de la fabrique lyonnaise. L’alignement et la réduction de l’ornementation sont de rigueur et l’architecture est contrainte par le travail. Mais le rôle des initiatives privées dans l’urbanisation et l'élévation d'immeubles-ateliers ne sont pas propres au Plateau de la Croix-Rousse. Un phénomène similaire a eu lieu sur les Pentes de la Croix-Rousse et des exemples sont visibles sur la rive gauche du Rhône, notamment dans le quartier de la Guillotière. Aujourd’hui, les ateliers ont été remplacés par des logements et seuls les rez-de-chaussée sont occupés par des commerces, mais l’aspect des façades rappellent l’activité du XIXe siècle qui se tenait derrière les fenêtres.
cf annexe :
Secteur 1 - 2013 : entre la rue Dumenge, la rue du Mail, la rue Pailleron et la rue de Belfort, étude réalisée pour la rue Dumenge avec Manon Mauguin (étudiante à l'Université Lyon suivie par Dominique Bertin)
Secteur 2 - 2014 : entre la Petite place de la Croix-Rousse, la Grande rue de la Croix-Rousse, la rue Pailleron et la rue du Mail, étude réalisée avec Sandrine Magdar (étudiante à l'Université Lyon suivie par Dominique Bertin)
Secteur 3 – 2015 - Noémie Caillat :Entre la rue du Mail, la rue Dumenge, la rue de Belfort, la place du Commandant Arnaud, la rue Dumont d’Urville, la rue Jeanne Marie Célu, la rue Justin Godart et la rue d’Austerlitz. (étudiante à l'Université Lyon suivie par Dominique Bertin)
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1 Arch. Mun. Lyon, délibérations du conseil municipal de la Croix-Rousse T.7 séance du 13/06/1826 p. 15
2 Arch. Mun. Lyon. 1 C 316 1 et 2, POINTET Joseph, Historique des propriétés et maisons de la Croix-Rousse de 1350 à 1790, 1926, p. 1
3 Arch. Mun. Lyon, Forma urbis, les plans généraux de Lyon, XVIe – XXe siècles, "Plan général de la ville de Lyon et de ses environs, dessiné et levé par le citoyen Villionne, adjoint du Génie, certifié conforme à l'original, fait par moi, levé avec l'aide du Citoyen Flacheron, garde des fortifications, 1799, [signé] Jars et vu par le directeur des fortifications Trudaine"
4 Limité à l’est par la rue de Belfort, au sud par le boulevard, à l’ouest par la Grande-Rue et au nord par la rue Janin
5 Arch. Mun. Lyon 1 C 316 1 et 2, POINTET Joseph, Historique des propriétés et maisons de la Croix-Rousse de 1350 à 1790, 1926, p.
6 Arch. Mun. Lyon 1 C 316 1 et 2, POINTET Joseph, Historique des propriétés et maisons de la Croix-Rousse de 1350 à 1790, 1926, p. 276
7 MONNET Thierry, Etude de l'architecture mineure de la Croix-Rousse du XVIII ème siècle à la moitié du XIX ème siècle : d'après un fonds de Mr Vanario sur des demandes d'alignement de constructions croix-roussiennes de 1800 à 1850, Université Lumière Lyon 2, 1990, p.
8 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 107
9 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 110
10 Dossier ZPPAUP des Pentes de la Croix-Rousse, 1991, p. 18
11 Arch. Mun. Lyon 1 C 316 1 et 2, POINTET Joseph, Historique des propriétés et maisons de la Croix-Rousse de 1350 à 1790, 1926, p.
12 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 179
13 Arch. Dép. Rhône Op 397, contentieux entre la commune de la Croix-Rousse et le propriétaire Dumenge au sujet d'une boutasse,1810
14 Arch. Dép. Rhône série 421Q, registres de formalité ; transcription des actes translatifs de propriété d'immeubles
15 Arch. Dép. Rhône 421 Q 93 article 10
16 A cette date, les noms de rues n’ont pas encore été approuvés par la municipalité
17 Arch. Dép. Rhône 421 Q 109 article 62
18 Arch. Dép. Rhône 421 Q 121 article 27
19 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 179
20 Arch. Mun. Lyon 3WP199, voirie urbaine : plan général, dénomination des rues, plantations d’arbres, numérotage des rues
21 Arch. Mun. Lyon, délibérations du conseil municipal de la Croix-Rousse T.5 séance du 21/09/1817 p. 75
22 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 184
23 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993p. 182
24 Actuelle rue d’Ivry
25 Actuelle rue de Nuits
26 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 183
27 Arch. Dép. Rhône 3 Op 219, voirie vicinale 1800-1940 ; Croix-Rousse, acquisition de terrain, voirie urbaine (9 affiches et 2 plans)
28 Arch. Dép. Rhône 3 Op 219, voirie vicinale 1800-1940 ; Croix-Rousse, acquisition de terrain, voirie urbaine (9 affiches et 2 plans)
29 Il faudrait consulter les actes de vente comme il a été fait pour le clos Dumenge.
30 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 183
31 Arch. Mun. Lyon, délibérations du conseil municipal de la Croix-Rousse T.12 séance du 9/08/1842 p. 4
32 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 183
33 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 184
34 Arch. Mun. Lyon 3WP193, dossier par rue : clos Pailleron, donation des deux rues par les mariés Guillaume Pailleron et Marie-Anne Rimbourg 1837
35 BARRE Josette, La colline de la Croix-Rousse : histoire et géographie urbaines, Ed. Lyonnaises d’Art et d’Histoire, Institut des études rhodaniennes, 1993, p. 184
36 Arch. Mun. Lyon, délibérations du conseil municipal de la Croix-Rousse T.12 séance du 5/02/1842 p. 107
37 Arch. Mun. Lyon 3WP189, pochette 2 : élargissement 1837-1848, plan de l’impasse projetée par Gigodot signé Gigodot
38 Arch. Mun. Lyon 3WP189, pochette 2 : élargissement 1837-1848, rapport des experts François-Régis Bourdet et Joseph Forest du 9 février 1843
39 Arch. Mun. Lyon 3WP189, pochette 2 : élargissement 1837-1848, rapport des experts François-Régis Bourdet et Joseph Forest du 9 février 1843
40 Arch. Mun. Lyon 3WP189, pochette 2 : élargissement 1837-1848, rapport des experts François-Régis Bourdet et Joseph Forest du 9 février 1843
41 Arch. Mun. Lyon 3WP067, constructions nouvelles soumises aux contributions foncière et portes et fenêtres, 1830-1846
42 Arch. Mun. Lyon 321WP220 4, prolongement des rues dans le clos de la Visitation
43 Arch. Mun. Lyon 321WP220 4, prolongement des rues dans le clos de la Visitation
44 Arch. Mun. Lyon 321WP220 4, prolongement des rues dans le clos de la Visitation
45 Arch. Mun. Lyon 321WP220 4, prolongement des rues dans le clos de la Visitation
46 BERTIN Dominique et MATHIAN Nathalie, Lyon : silhouettes d’une ville recomposée, éd. ELAH, Lyon, 2008, p. 173
47 MONNET Thierry, Etude de l'architecture mineure de la Croix-Rousse du XVIII ème siècle à la moitié du XIX ème siècle : d'après un fonds de Mr Vanario sur des demandes d'alignement de constructions croix-roussiennes de 1800 à 1850, Université Lumière Lyon 2, 1990, p.
48 TISSEUR Clair, Le littré de la Grand'Côte : à l'usage de ceux qui veulent parler et écrire correctement / par Nizier du Puitspelu, Académie du Gourguillon : publié en 1903, p. 121
49 BERTIN Dominique et MATHIAN Nathalie, Lyon : silhouettes d’une ville recomposée, éd. ELAH, Lyon, 2008, p. 170
50 MIGNOT Claude, Grammaire des immeubles parisiens : six siècles de façade du Moyen-âge à nos jours, éd. Parigramme Paris, 2004, p.26
51 MONNET Thierry, Etude de l'architecture mineure de la Croix-Rousse du XVIII ème siècle à la moitié du XIX ème siècle : d'après un fonds de Mr Vanario sur des demandes d'alignement de constructions croix-roussiennes de 1800 à 1850, Université Lumière Lyon 2, 1990, p.
52 BERTIN Dominique et MATHIAN Nathalie, Lyon : silhouettes d’une ville recomposée, éd. ELAH, Lyon, 2008, p. 204
53 MATHIAN Nathalie, L’habitat à Lyon 1800-1852 : quartier Perrache-Bellecour, Université Lumière Lyon 2, 1986, p. 101
54 TASSINARI Bernard, La soie à Lyon : de la Grande Fabrique aux textiles du XXIe siècle, Éd. ELAH, Lyon, 2005, p. 98
55 Arch. Mun. Lyon 3 WP 027 1 à 061, registres de recensements de la population de la commune de la Croix-Rousse
Photographe au service de l'Inventaire général du patrimoine culturel, site de Lyon